La fixation de rivalité (vampirisme) : un problème identitaire ?
Le manque de confiance en soi de la personne qui se fixe et son manque d’indépendance par rapport à celle qui l’obsède indiquent un problème d’identité. Cette personne laisse une place aveugle à l’autre et ressent le besoin important de cette relation qu’elle est seule à désirer et qui l’aide à ressentir et à se prouver quelque chose de particulier en lien avec ses manques et ses satisfactions perverses.
Dans certains cas, des délires vont lui servir à justifier son obsession et ses comportements hostiles vus comme rédempteurs, aidants ou légitimes hors de toute raison. Elle reste convaincue de la nécessité d’intégrer en elle les particules identitaires de l’autre pour se sentir complète ou quelque peu plus satisfaite de sa présence dans le monde. Cet autre qu’elle arrive tout de même, par moments, à voir comme une personne ayant le droit de décider librement d’être singulière et de décider librement de ses choix de vie. Un droit qu’elle désire lui soustraire par violence.
Il existe également chez ce type de manipulateur le besoin d’une jouissance malsaine qui vient de la transgression des limites de l’autre, ainsi que la soif du plaisir que lui procure l’hostilité ressentie durant l’acte réfléchi de vampiriser.
Le fait de redevenir, à l’occasion, lucide quant au droit de sa victime d’être libre ajoute de l’excitation à son jeu, car c’est là que le manipulateur pervers reprend encore plus contact avec son désir de pouvoir. Observer les réactions de colère, de peur, de détresse, de défense ou de fuite de la victime qu’il dérange activement peut le faire trépider de plaisir.
Il est donc possible d’identifier des traits de personnalité qui donnent idée d’un pattern de comportement chez la personne qui se fixe, soit des façons de faire qu’elle priorise, car elles lui apportent des gains qu’elle connait bien et qu’elle affectionne.
L’invasion psychologique (psychique) et physique
L’imitation abusive ou intrusive utilisée par le prédateur qui fait fixation sur une personne en particulier montre qu’il se croit ou se sent en droit de partiellement posséder l’autre, en retraçant ses idées pour les faire siennes, en se les appropriant par suggestions persistantes ayant pour but de convaincre l’entourage qu’elles viennent au départ de lui. Aussi, il le fait de façon quasi synchronisée, soit immédiatement après les avoir observées pour que la cible ressente l’effet calque et en soit irritée, choquée et/ou même effrayée.
La cible qui se sent observée avec persistance peut se sentir brimée d’une partie de sa liberté d’action à cause de la transgression parasite de l’individu fixé.
Celui qui fait du harcèlement névrotique en usant de l’association obligée, une fois que la victime lui a bien signifié son désintérêt quant à une relation quelconque avec lui, lui impose un rapprochement qu’elle ne souhaite aucunement. Il se sent en droit de se mêler des affaires de l’autre, en droit de se mélanger à lui. C’est malsain, intrusif, agressant et morbide.
Faire le perroquet est souvent utilisé par les enfants qui désirent irriter frères et sœurs ou pairs durant le jeu qui tourne un peu mal, c’est un comportement qui vient du manque de maturité et que l’on dépasse avec l’âge. Malheureusement, chez l’adulte conscient, cela peut avoir pour but de parasiter l’autre, de le faire sortir de ses gonds. Le manipulateur se sent en rivalité et croit par se comportement travailler à s’approprier le ‘’territoire existentiel’’ du sujet de son envie.
Faire le perroquet, c’est aussi une façon d’obliger un lien non désiré, une sorte de tentative de viol mental qu’il s’agit d’empêcher en confrontant, ou de bloquer en ignorant la bêtise du pervers qui s’amuse à déranger avec ses signaux afin d’avoir du plaisir de façon désaxée.
Être intrusif et répéter les propos de la victime de la fixation est aussi une méthode d’imitation abusive utilisée par le voleur d’idées qui n’arrive pas à réfléchir ou à créer autrement qu’en se servant chez l’autre, plus productif. Une fois démasqué par le créatif sur lequel il a jeté son dévolu, le perroquet qui continue tout de même ce comportement fait la démonstration d’une fixation avec pour but conscient l’exploitation d’une autre personne.
Plus qu’une invasion psychique, c’est une invasion dans l’existence au sens plus large, c’est morbide. L’association obligée est aliénante, une telle pression peut bien susciter un gros stress ravageur et épuiser psychologiquement la victime.
Abus et possessivité
Le manipulateur se sent parfois en droit de continuer à posséder l’autre dans les cas de l’abus parental par exemple, quand il y a eu violence physique et psychologique durant l’enfance et l’adolescence, ou à l’âge adulte. Le parent ne s’imagine pas laisser sa victime se soustraire à sa domination psychologique (psychique) et/ou matérielle.
On peut parler d’invasion psychique. Cette attitude est de plus bien déguisée quand il en est des situations sociales où le calculateur fait comme si tout se passait de façon correcte et qu’il joue la carte de l’indifférence si la victime s’exprime. Il peut aussi travailler avec ferveur à la faire passer pour délirante ou menteuse devant les autres qui ne peuvent s’imaginer le drame existentiel qui se joue.
Les cas d’abus en famille avec le parent qui ne lache pas prise illustrent bien la manipulation hostile qui se fait dans la durée. Les cas d’abus conjugaux sont également nombreux à exprimer cette dynamique de domination.
Lorsqu’il y a incongruence au niveau du lien maternel, l’empathie qui vient avec l’amour bien intentionné et la communication authentique entre la mère et l’enfant n’est pas réalisée, il y a une fissure entre les besoins réels de l’enfant et le souhait de le porter à se réaliser dans l’existence du côté de la mère ambivalente. Cette ambiguïté peut exister entre parents et enfants, mais en fratrie aussi.
Photo : JF Cherche appartement (1992)
Compétition déloyale et dévoration
La rivalité dangereuse, une compétition déloyale teintée d’une sorte de folie destructrice peut se manifester dans les relations entre femmes sous différentes formes.
La soif de pouvoir et le besoin de reconnaissance inassouvi de la personne qui se sent en retard au niveau de son ascension sont des motivations pour saboter l’autre par vandetta existentielle et petitesse d’esprit.
Ce scénario est plus que récurrent dans de nombreux milieux professionnels où la petite gestion est laissée à des personnes non compétentes au plan humain et non outillées pour contrôler leurs émotions et ne pas attaquer leurs collègues qu’elles souhaitent dominer et dévaloriser.
Aussi, quand l’une se fixe sur les attributs physiques et intellectuels de l’autre jusqu’à vouloir devenir »elle », elle peut décider de travailler à la fragiliser dans son imaginaire et/ou dans le réel par des actions malveillantes, dans la vie de tous les jours, afin de gagner en importance par rapport à elle en la rabaissant.
En milieu de travail, vouloir à tout prix avoir le regard admirateur ou l’approbation des collègues masculins, peut devenir pour certaines le déclencheur d’une rivalité qu’elles ressentiraient face à une autre, ou face aux autres, étant donné leurs insécurités personnelles, leurs propres attitudes, et leurs attentes vis-à-vis des hommes.
Prenons quelques illustrations de fixations difficiles à vivre pour tous : Marie était tellement obsédée par l’apparence physique et les aptitudes sociales d’une femme qu’elle épiait au travail, qu’elle acheta le même parfum et les mêmes vêtements. Elle eut même recourt à une rhinoplastie pour avoir un nez identique à celui de sa belle. Elle changea jusqu’à sa façon de sourire pour lui ressembler, mais elle resta toujours insatisfaite, car même si elle avait identifié un standard de satisfaction personnelle qu’elle s’imaginait pouvoir dépasser en prenant soin d’elle-même, elle garda toujours la conviction que la belle était plus belle, et quand elle perdait la belle de vue, c’était d’autres femmes accomplies qui l’agaçaient par leur simple existence.
Martine ayant toujours eu quelques soucis à faire la différence entre la réalité et ses idées grandioses se fit une fixation sur une jeune femme dans le quartier, allant jusqu’à convaincre certaines de ses amies retraitées que celle-ci voulait lui voler son mari. Sa conviction était inébranlable, elle fit de sa mission de sauver son couple de cette inconnue sa raison de vivre. Un harcèlement névrotique s’en est suivi.
Pour sauver son mariage, Martine utilisa la technique de l’association obligée et du fantôme, c’est-à-dire qu’elle s’invitait aux activités de sa cible et qu’elle la suivait constamment à proximité, comme dans les films d’horreur. Il faut aussi noter que Martine s’ennuyait affreusement, car son mari était souvent absent et que toute cette mission qu’elle justifiait de façon irrationnelle lui apportait des sensations fortes et le sentiment de vivre dangereusement, mais surtout le plaisir d’être occupée et de faire de l’activité physique.
DEPOT LEGAL – 2013 – SARTEC 29235
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