
Entre manège et gros bon sens …
(Par Hella Ahmed) Les gens peuvent vivre toutes sortes de choses difficiles et perdre de leur crédibilité, puis se remettre, avec du soutien notamment, et aller de l’avant: santé mentale, santé physique et globale, relations, pertes, travail, conflits, ras-le-bol, erreurs de parcours rocambolesques. Souvent, on juge très mal, et encore plus lorsqu’ils s’agit de femmes que d’hommes, les chutes en lien avec la santé mentale, ou un comportement de révolte contre certaines normes établies qui protègent des apparences non représentatives de la réalité, et que les élites voudraient préserver pour se dire protéger la santé d’une société qui pourtant souffre d’inégalités.
Snobisme et deuxième chance
La fameuse deuxième chance, rien de mieux pour se plonger dans la psychologie de certains milieux. Des cliques se voulant pourtant représenter une vie intellectuelle et culturelle plus large qu’elles-mêmes, alors qu’elles ne pourraient réellement la contenir vu leur hermétisme, cordes restreintes et codes fermés. C’est dans ce clos qui se voudrait être qualifié d’ouvert, qui ne concerne donc pas vraiment le grand public avec toutes ses origines et facettes, puisqu’il ne lui transmet pas le réel mais une part bien découpée et ornée d’illusions de prestance et de véritable éloquence au plan du savoir et de l’acte de transmission, que se joue la chute d’un membre ou d’un autre. L’initiative de la 2ème chance devient alors la mission de quelqu’un de soi-disant plus vertueux au sein du groupe dont le “cancellé” fut expulsé.
Refaire une beauté à l’amoché dans un décor lugubre, réhabiliter au sein du même carcan , ce manège n’est-il pas en soi la scène de l’exploitation d’un mal étrange qui aide à consolider un système assez particulier pendant qu’il ne fait qu’en donner le ton? Quand on a toujours été exclu et exploité, on ne pourrait bénéficier de cette seconde chance, et pourquoi la vouloir puisque ce système ne nous concerne même pas et ne représente aucunement la vraie réalité du monde vaste de la connaissance? Comment perdre sa première chance et en vouloir une deuxième quand il n’a même jamais été question de l’avoir? Et pourquoi vouloir cette intégration aux conditions bizarres, si l’intégrité intellectuelle et l’amour de soi font partie de nos valeurs?
L’intimité n’est pas de toute facilité
En amitié et en famille, c’est assez semblable, il peut y avoir confusion, non-dits, conflits confrontés ou pas, craintes et déceptions. Aussi, les gens ont tous leurs difficultés personnelles et elles ont forcément un impact sur leur façon d’être en relation, soit d’interagir et d’agir avec leurs proches ou les plus éloignés.
En ce qui a trait aux relations interpersonnelles, la deuxième chance est toujours une question de choix personnel bien que pas forcément libre ou éclairé, dans le sens où l’on peut céder aux pressions ou ne pas être assez mature pour y voir clair et faire le bon choix pour être en accord avec soi. Les liens amicaux et amoureux ne regardent en premier que les intéressés, même s’ils peuvent affecter des personnes extérieures au noyau, impliquées dans sa dynamique jusqu’à un certain point. Comme je l’écrivais dans un récent article au sujet des relations de couple toxiques, les gens ne sont pas toujours en situation de revenir avec facilité à un système plus sain lorsque le lien s’est nécrosé au cours d’une séparation ou que la semi-séparation s’avère assez pénible à vivre.
Les affaires sont les affaires
“En affaires, mes affaires sont mes affaires, et venir empiéter sur mon territoire n’est absolument pas pardonnable. Pardonnable, juste comme ça? Et donc pourquoi? Il faut faire les comptes, payer et dédommager si l’on a osé transgresser et piller. Pour la deuxième chance, on verra bien après”, paroles sages. Un proverbe dit: “les bons comptes font les bons amis”, si même l’amitié demande cette clarté, nul étranger ne peut prétendre vous respecter ou vouloir s’associer s’il ne se conforme pas à la loi quand il est question de frontières et de propriété intellectuelle.
En général, ce sont les sectes, le crime organisé et les groupes improvisés sur le coup et pour l’occasion que l’on peut qualifier de “mob” qui font mine d’oublier les considérations financières pour ceux qu’ils veulent forcer à s’associer. Sans des discussions au sujet de la rémunération et la signature de contrats d’affaires, de réelles négociations ne peuvent en aucun cas avoir lieu, ils le savent, puisque les décideurs au top font leur argent et de façon considérable. Qu’ils ne viennent pas nous parler de campagnes pour améliorer l’ordre social alors qu’on les sait malhonnêtes. Ils ne représentent pas les forces de l’ordre, et ceux qui les appuient en utilisant tantôt un language châtié tantôt une philosophie trash sont beaucoup trop louches.
Les narcissiques sans freins
Les gens doivent comprendre qu’il se passe quelque chose d’étrange avec les médias sociaux qui confortent le narcissisme toxique et la violence contre les femmes de récidivistes qui s’imaginent que toute femme qu’ils choisissent comme disciple/esclave est obligée de les servir, simplement parce qu’ils sont égocentriques et qu’ils ont de la visibilité en ligne, soit du pouvoir. Ils jouent la carte de la persécution si l’on ne se conforme pas à ce qu’ils réclament pensant que ça leur est tout simplement dû, mais l’esclavage sous menace n’est pas une stratégie d’affaires, c’est de la criminalité. Soutenir ces méthodes, c’est y adhérer et vouloir en profiter tout en faisant semblant d’être sain d’esprit et de conduite.
Il y a des structures légales en affaires. Une propriété est une propriété, que cela plaise ou pas. Autrefois, les hommes avec du poids étaient fiers et capables, maintenant on en voit beaucoup qui se comportent avec immaturité et s’attendent à être glorifiés. Ils ne comprennent pas la notion de consentement. Envahissants et irrespectueux, ils utilisent les réseaux sociaux pour menacer les femmes dont ils pillent les entreprises lorsqu’elles se défendent. Faible masculinité appuyée notamment par des opportunistes qui viennent s’agglutiner à eux afin de voler à leurs côtés. Avec leur misogynie intériorisée déguisée en féminisme, elles essayent de se hisser au dessus de femmes capables qui les obsèdent en s’associant à des belliqueux.
Le droit à l’erreur
Les gens vont en prison et en ressortent avec le droit de bâtir une meilleure vie et s’ils dérivent, c’est leur choix. L’option de faire mieux malgré la stigmatisation et la marginalisation leur est offerte, c’est cela une deuxième chance. Les femmes ayant été jugées pour avoir contourné la loi passent par une deuxième mesure, celle des bourreaux des réseaux ayant eux-mêmes commis des erreurs. Ils se permettent de plus de se faire passer pour de sains moralisateurs qui remettent en question la dépravation de personnes avec un style de vie assez semblable au leur. Voir des élitistes applaudir ces métamorphoses kafkaesques de la justice sociale ne fait que nous montrer combien la haine raciale peut instrumentaliser le signalement moral.
Quand un homme se relève, on le félicite, quand une femme tente de se relever, on lui barre le chemin, à moins qu’elle fasse partie d’un groupe de privilégiés que l’on nomme élite et que des hommes ne viennent la protéger contre les hommes et les femmes qui ont besoin de piller et de taper sur quelqu’un pour exister. Ce n’est pas à un narcissique quelconque de juger et punir les femmes, à la Incel, ce qui devrait logiquement être choquant pour les intellos, non? Certains aiment au contraire cette violence qu’ils estiment légitime alors qu’elle va à l’encontre du bon sens commun. Et l’on redécouvre qu’ils n’ont rien de spécial ou de supérieur à ceux qu’ils voudraient civiliser par la violence comme au bon vieux temps de la grande colonisation.
Heureusement qu’au Canada et au Québec, les autorités condamnent ce genre de comportement qui ne serait absolument pas qualifiant pour “la deuxième chance” quand un ex inculpé veut se racheter aux yeux des intellectuels et des autorités. Ce serait plutôt la deuxième profonde debacle. Il faut savoir qu’être à peine soupçonné d’être en lien avec un tel individu peut vous en coûter cher (surveillance, élites locales qui pillent pour soi-disant rapatrier des biens intellectuels à mieux placer), alors en faire la promotion serait absurde, carrément une mission autodestruction.
Les hauts et les bas de la vie
Il y a d’autres situations de deuxième chance, bien que cela puisse tout de même être honteux, comme pour la faillite personnelle ou entrepreneuriale. C’est prévu par la loi au Canada. Évidemment, dans le monde de l’entreprenariat, on conclut souvent à la culpabilité de qui aurait donc fait des erreurs stratégiques, ayant eu des difficultés majeures. Dans ce sens, bien que magique et fabuleusement intéressant, ce milieu est sans pitié. On s’en concerne peu si vous avez été exploité, pillé ou que l’inflation vous a joué un tour alors que vous produisiez tout en défendant votre territoire (peut-être même attaqué par des pirates ou des bourgeois, ou tous à la fois quand vous êtes brillant et envié).
Le droit à la médiocrité est un concept faible, bien qu’il soit utilisé à tort pour justifier le comportement de personnes qui n’auraient pas eu la chance d’apprendre à faire mieux à cause de leurs conditions sociales ou leur entourage proche. Dans ce cas, il faudrait plutôt se tourner vers la médiocrité du système qui les a conditionnés et ses rouages. Personne n’arrive sur terre en tombant du ciel, sans attaches et sans bagages, les comportements ont des origines multiples, et je ne parle pas de dénigrer une culture ou une origine ethnique, le lien et le contexte social portent tout, ils donnent naissance à ce tout, et à ce particulier qui exprime l’individualité.
Un monde à la dérive?
On cache sa souffrance ou ses difficultés pour ne pas être jugé, et puis on craque et on se rebelle contre l’hypocrisie mondaine, mais le résultat n’est pas un face à face du collectif avec la détresse et ce qui la fait naître, c’est plutôt bien trop souvent l’achalandage des observateurs en quête de substance pour “parler”, moraliser pour briller, profiter en se prétendant éduquer. L’erreur est humaine, mais la médiocrité est un choix motivé par des intérêts et porté par une certaine paresse intellectuelle.
Oui, le “bon” de l’individuel relève de la singularité de l’être qui l’exprime, et le mauvais relève du collectif qui l’a généré, car l’on ne commet pas un mal public en étant seul dans sa bulle, mais en agissant dans le collectif, influencé par le tragique du monde dans lequel l’on évolue, qui nous agresse et nous pervertit, mais qui aussi peut nous nourrir de ses bienfaits et nous rassurer quand la justice sociale n’est pas une excuse pour abuser, mais une vérité.
La psychopathie représente quant-à-elle un extrême qui reste une question très intéressante à investiguer d’un tout autre côté, car oui, il y a des particularités au plan du fonctionnement cérébral, et oui l’éducation ainsi que la socialisation dans leur nature peuvent avoir un effet excitateur ou inhibiteur au plan du comportement à caractère antisocial ou criminel.
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