La psychanalyse du plagiat – Par l’auteure Hella Ahmed, 03/11/2024


(Par Hella Ahmed) Imaginez être vous-même victime d’une forme perverse de plagiat avec laquelle il s’agirait de manipulation mentale envers le public soutenue par une association tirée par les cheveux du milieu culturel. Il faudrait faire croire au sauvetage d’une identité culturelle partagée entre français et immigrants de souche au Qc. Du côté politique, nul ne viendrait décourager cette soi-disant bienveillante initiative dans les temps actuels, la question de la laïcité remise avec force sur la table (enjeu pourtant totalement hors contexte dans ce cas-ci) est une sorte de socle pour opérer dans le sens de ce genre de “coups” nébuleux n’ayant ni queue ni tête, avec comme seul fond un gros délire narcissique. Rien de poétique ou de cliniquement performant dans cette vilaine histoire, plutôt que du toxique embaumé de mièvre.

Il y aurait donc une sorte de prétention protectrice (délirer pour frauder) dans l’acte de réquisitionner la production intellectuelle de cette personne brillante qui ne ferait pas partie de la clique des élus. J’utilise le mot « perverse » ci-dessus suivant sa définition dans le dictionnaire de français Larousse et nullement sa connotation psychanalytique qui demeure insignifiante pour moi: “envers: qui est enclin à faire le mal et qui le tente par des moyens détournés : Un être pervers qui espère votre échec. 2. Dont les instincts sexuels se manifestent par un comportement anormal.”

Un stratagème complexe 

C’est qu’il y a plusieurs portes de sortie pour le nerf du problème (bien qu’elles mènent toutes au même cul-de-sac de la vérité, car je veille jour et nuit à protéger mon terrain). C’est-à-dire que lorsque vous remettez les points sur les « i » en ce qui a trait à la criminalité de l’acte de faire passer le travail intellectuel d’une autre personne pour ses propres idées alors que les dates prouvent clairement que la source originale est lésée, d’autres entourloupes mentales font apparition pour justifier le comportement inapproprié de s’approprier les réussites de la cible compétente. Le tout se fait évidemment avec des allusions, “le” ou “la” plagiaire ne reconnaîtra jamais ses actes bien que tout indique sa volonté de rendre son attitude de prédation visible et son acharnement ouvertement prémédité. 

Sur ce point relativement à l’intention “que cela paraisse”, j’ai tiré l’hypothèse qu’il est question de la volonté d’imposer son autorité par la violence sournoise (c’est pervers), mais aussi de prouver sa supériorité en société à travers la protection des élites et l’adoration du public se nourrissant des plagiats. La réponse positive des lecteurs face à ce qui a été détourné et exhibé comme étant personnel et non provenant d’une source externe qui n’a volontairement pas été citée ou rémunérée pour des services clairement et légalement entendus, et ce, à répétition, consacrerait alors une forme de légitimité non contestable car non contestée et non contestée car non contestable par conséquence (Comment les manipulateurs frappent? 2021, Profils d’ombres et de lumières, 2022, Tous droits réservés). 

– En psychanalyse, relativement à l’exhibitionnisme dans l’acte : Pour Shaw (2006), le plagiaire, ressemble au cleptomane sur deux point : le non besoin de l’objet volé et le désire d’être démasqué, quoi que le premier point soit beaucoup plus central pour le cleptomane que pour le plagiaire. Les deux affichent des élans autodestructeurs et les deux « inspirent compréhension et sympathie » (ibid., p.146)

– Le plagiaire vole et laisse des traces parce que le plagiat dans ce cas, « est toujours calculé pour qu’il soit surtout détecté ». (ibid., 145) Cette envie de danger serait révélatrice en quelque sorte d’une culpabilité inconsciente qui se satisfait par le truchement de l’acte plagiaire.

En empruntant le modèle psychanalytique, Vichyn (op.cit.), argue que si toute création est quelque part une espèce d’exhibitionnisme, le cas du plagiat est typique. En effet, l’élément essentiel de l’exhibitionnisme qui est le danger, se réalise dans l’acte plagiaire. Le désir irrépressible de s’exhiber, le plagiaire le satisfait « […] lorsque, sous une contrainte intérieure qui lui est inconnue, il ignore cette honte d’être découvert, et dont la seule évocation suffit normalement à empêcher l’acte ». (ibid., p.84)


L’immunité par “solidarité sélective” 

On invoque donc aussi la sororité, soit une complémentarité naturelle qui irait à l’occasion de soi entre femmes, sans chichis, et donc la possibilité de reprendre les mêmes idées pour « faire corps », créer une force unifiée afin de se défendre contre l’ennemi constamment à l’affût pour abattre les droits des femmes. Et qu’importe donc si la personne qui se fait arnaquer soit d’accord ou pas avec le fait que l’on valorise et mène au sommet cette autre qui n’a pas l’honnêteté de la citer. On élimine donc la rivalité de la partie opprimée en baratinant que la rivalité entre femmes est non légitime et destructrice, on gagne alors la partie de rivalité on condamnant ce que l’on fait soi-même. Bref, des enfantillages pour avoir le dernier mot.

Tout à coup les bénéfices, la renommée, les gros chèques et les opportunités n’auraient plus d’importance dans un monde capitaliste où c’est chacun pour soi. On croirait presque que tout le monde soit pauvre et non acclamé, que le statut ne soit qu’une revendication vaine qui n’aurait pas le pouvoir de mener au salon du livre et à des rencontres à la mesure de ses attentes pour une personne avec du talent et le grand mérite d’être capable de créer par elle-même. 

Vous voyez, ces « féministes » (que de titre autoproclamé ou gracieusement offert par une clique ficelée serrée partageant les mêmes grands bénéfices: célébrité, éditeurs, subventions, gloire) savent citer, mais le font au choix, elles citeront la plagiaire en toute connaissance de cause, et c’est ainsi que l’on s’éloignera de plus en plus de la vérité, de la reconnaissance de la source originale qui doute, pense et écrit. C’est donc bien un mouvement organisé, celui de la consécration du vice qui s’enlise par échanges de services entre pistonnés et concurrence déloyale pour à tout prix briller. 

– Pour Henning (1997, p.42), le plagiaire est un sadique mégalomaniaque, pour qui le plagiat n’est intéressant qu’en tant qu’il lui permet de faire « […] démonstration des capacités d’invention et de virtuosité ». La jouissance qu’il peut tirer du vol d’autrui est telle qu’il fait de l’acte plagiaire un art, car au fond « […] rêvant au crime parfait et jouissant de son impunité » (ibidem.)



La fixation pathologique

En d’autres termes, dans le fait que la rengaine dure dans le temps et qu’une sorte de relation non consentie entre la personne qui écrit et celle qui se synchronise maladivement pour la piller et narguer s’éternise, j’ai toujours vu une agression, une transgression, une intrusion, un « viol », c’est un refus des limites qui se manifeste sous la forme d’attouchements intimes en continu

Il existe tant d’écrivains et d’écrivaines sur terre, cela démontre que l’intention de s’en prendre à une personne en particulier pour attaquer son identité et en voler des parcelles, forcer une intimité, un mélange, la diluer en soi à travers des écrits tissés de soi et d’elle, tout en faisant croire à un débat ou un échange d’idées alors qu’il s’agit de contrôle coercitif et de plagiat, relève du harcèlement névrotique (une forme de relation d’emprise totalement imposée). 

– Bien que l’amour du danger soit une constance chez le plagiaire, c’est plutôt l’admiration du plagié qui le pousserait à affronter l’opprobre d’être démasqué. Et le vol intellectuel dans ce cas, serait « […] preuve de l’existence d’un surmoi sadique et désérotisé. » (ibid., p.91). Par ailleurs, comme le complexe de castration se trouve être soubassement de l’exhibitionnisme, le plagiaire s’accaparerait et montrerait la pensée ou l’idée de l’Autre comme « une invite à des attouchements textuels » (ibid., p.94). Dans l’autre cas de figure, le plagiaire agirait de la sorte pour que « la pensée de l’autre soit coupée » (ibidem.) c-à-d vilipendée, critiquée ou tout simplement niée.


La protection d’une construction mal-fondée 

Ainsi, si l’on retourne à l’argument de l’identité culturelle à protéger: incorporer ce « corps » capable mais étranger pour en faire une partie de soi, la pièce génératrice ultime de créativité sans laquelle rien ne se ferait, c’est rendre plus forte cette association des destins communs croisés de la francophonie pure qui a civilisé les peuples et qui n’admet pas la visibilité ou la puissance de ce qui n’est pas de son étoffe sainte criarde de bienfaisance. 

– Pour Henning (1997, p.42), le plagiaire est un sadique mégalomaniaque, pour qui le plagiat n’est intéressante qu’en tant qu’elle lui permet de faire « […] démonstration des capacités d’invention et de virtuosité ». La jouissance qu’il peut tirer du vol d’autrui est telle qu’il fait de l’acte plagiaire un art, car au fond « […] rêvant au crime parfait et jouissant de son impunité » (ibidem.)


La mission du vide 

En tant que plagiaire acharnée (qui ramène toujours tout aux accouchements et à la maternité pour couvrir ses arrières avec le mythe de la sainteté réalisée au travers de la souffrance nourricière*) on citera Michel Desjardins par exemple, histoire de camoufler le pillage intellectuel priorisé la majorité du temps dans ses activités d’écriture et se faire passer pour la Jeanne d’Arc de la littérature des vrais blancs, ces grands sans équivoque. L’incompétence ferait un tour de passe passe pour se dire maîtresse des lieux et des territoires de l’esprit: “Michel est un monument qui mérite mon respect, mon esclave intellectuelle ne mérite quant à elle aucune attention ou reconnaissance, telle est ma mission de consécration du bon que je bénis de mon sain saint esprit”.

*solution magique pour l’absolution quand on a causé du tort, transgressé, plagié, comme si les femmes qui n’ont pas enfanté étaient une sous classe à maltraiter, dont on peut abuser pour se montrer supérieure! Quel ennui, obscurantisme patriarcal et mépris pour les femmes en général.

– Ainsi selon Schneider (1985, 351), le plagiat serait une forme bégnine d’incompétence psychologique. « Les plagiaires sont des envieux » qui présenteraient les symptômes d’un traumatisme œdipien pouvant aboutir à une névrose ou psychose. Chez le plagiaire, « […] la structure identificatoire est tellement exacerbée que sa propre écriture est introuvable. ».(ibid., p.175) Il est tellement envahi par l’image du père qu’il cherche par tous les moyens possibles à la cacher. Son comportement plagiaire est révélateur d’ « […] une faille dans la structure œdipienne »(29) (ibid., p.283)

J’ai lu quelques articles psychanalytiques au sujet du plagiat pour essayer de comprendre comment certains mordus de la psychanalyse s’expliquent à eux-mêmes leur propre comportement, mais ces citations qui m’ont guidée pour faire des liens dans cet article ont été choisies par l’auteur de l’article : psychologie des plagiaires, sur le site institut numérique. La psychanalyse ne m’intéresse aucunement et je ne prendrai pas aujourd’hui du temps à lire autant d’ouvrages qui ne m’inspirent rien de bon, même si je l’ai malheureusement beaucoup trop fait dans le passé à l’heure où l’obscurantisme régnait en milieux universitaires dans le domaine de la psychologie.

Chacun son progrès ou au contraire sa stagnation menant (dans le pire des cas) au pillage intellectuel pour malgré le vide béant laisser quand-même des traces, bien que bien laides de faussetés et dégoulinantes de cette platitude caractéristique du forçage en pseudosciences.

Hella Ahmed 2024 © All rights reserved – Find my books on Amazon