
La tempête du moi moi moi moi moi …
(Par Hella Ahmed) Vous savez ces gens qui n’en finissent pas de parler d’eux-mêmes ? Ces gens de plus fous de vous, comme si vous étiez la lueur du monde entier à étouffer, voler, massacrer, transformer en élixir de succès pour eux ? Eh bien, ils existent, tapis dans leur confort matériel, leur vide spirituel meublé de noms de théoriciens et d’éclats mesquins tournés en plumes à essai du déjà-vu, cette même histoire sur repeat. Les années passent et le rythme de l’usure est le même, malgré la peine et une solitude blême chargée de regret. Trop de temps a filé dans du sans intérêt.
Ce n’est pas comme une chanson, c’est plutôt une cacophonie de soi, un discours de la discorde pour parler de sa présence qui porterait quasiment le monde sur ses épaules d’un geste de remontrance mélancolique tournée en interminable gratification de soi : moi, moi, moi, moi, moi, moi, moi. La vanité n’a de fin que le mot qui vient tirer un trait au dédale de l’égocentrisme avec un point final au texte jusqu’à un nouveau déclin, le prochain déferlement de baratin.
Ces vampires gluants sous la neige fondante de l’asile de l’obsession, mêlés au plâtre, fendus à la surface plate, transcendent les murs pour venir rôder autour de moi. Je dis consentement, et une pseudo guérisseuse troublée rabâche immédiatement le consentement dans un texte obsession à la couleur de l’éloquence des bas-fonds crémeux. Je lance une image de mes pensées, et cette autre femme entretenue, obsédée par mon étincelle de vie, sort un million de dollars pour s’acheter le fantasme qu’elle s’est imaginée avoir intercepté à travers mes élans frêles. J’écris pour vulgariser, et la pelleteuse de mots ramasse et construit du petit pour toucher un chèque de pigiste soi-disant dans le jus. Et je ne parlerai pas trop des cafards hommes à la piscine à se bronzer sans arrêt, à la cuisine à faire du bouillon de poulet ou au bois à bûcher pour s’en placer une entre les deux dents de devant.
Je suis fatiguée!
Les femmes sont d’une triste nature quand la comparaison constitue leur petit salut et que la horde d’amies qui les suit proclame que le ridicule qui ne tue pas est à l’image de l’intelligence de la tête et du cœur de ceux à qui l’imagination fait défaut, et qui fraudent fièrement pour y remédier. Celles pour qui l’obsession d’une autre et l’ambition font ménage font toujours bon voisinage. Le monde est vaste, mais elles ne voient que moi et elles sont félicitées pour leur trouble mental par leur entourage. Ou serait-ce de l’empathie envers leur faiblesse? Ces gens sont donc capables d’empathie, tiens, comme c’est beau la charité! Malheureusement, je n’ai pas demandé à participer, c’est à moi de choisir mes investissements, et pour les caprices des pestes, c’est non! Get a life.
Parler de sa maladie, comme un cancer, ou de ses enfants, de son prétendu impact social, c’est toujours une bonne couverture pour continuer son déni face à son affliction psychologique: l’obsession. Lacan n’a probablement pas encouragé ce trouble et le narcissisme toxique qui coule à flots pour celles qui ne connaissent pas l’univers mais un simple point de repère, une zone d’intérêt, à dévorer pour exister! Ou l’aurait-il fait ? Qui sait ? Pas moi, je regarde ailleurs. La secte de l’amour débordant de soi où l’on parle de réparation de l’autre alors que l’on tic tic et tic, ça fait peur. Il semble qu’il n’y subsiste aucune place à l’accueil de qui que ce soit à part soi-même!!
Tu devrais être flattée, me dit-on souvent. Non, je suis dégoûtée et méprisante de ces intrus moches, complètement obnubilés par mes compétences à annuler et leur chasse de je ne sais quoi à mes dépens. Et il n’y a pas que des femmes dans cette course à la collecte d’une évidence de victoire à rabais, certains parlent en plus de combat, je ne comprends pas. La guerre est en eux, après un cancer, une séparation, quelques verres et stupéfiants, anorexie chronique ou trouble bipolaire, le rêve de percer au Qc ou de continuer à y faire de l’argent malgré l’incapacité à progresser par soi-même etc. ces personnes braquées sur moi sont dans le même état, figées devant l’intelligence qui fait pousser ses branches, hypnotisées à s’agripper affamées comme s’il n’y avait pas de porte de sortie à leur ego. Le combat est en eux, ils ont soif d’exister, mais ne savent pas comment y arriver par eux-mêmes. Ils sont comme des morts-vivants qui avancent vers l’horizon bleu fécond.
Quelle ironie du sort de se dire docteure de l’âme, porteur/porteuse d’impact social ou grand créatif, directeur artistique, quand on boit à la fontaine d’une autre, année après année sans honte ou culpabilité, que l’on ne se regarde jamais en face pour retrouver un peu de dignité et soigner son obsession criarde qui a fait non seulement le tour de la francophonie, mais des Amériques et outre-mer. Peut-être alors que la fierté est pour eux une histoire de cinéma en face du miroir.
L’hiver a tout couvert ici, les portes sont ensevelies, elles le sont depuis l’hiver dernier et celui d’avant et celui d’avant et celui d’avant .. et pendant que je fais face au froid et à la pénitence du vide en bravant le bruit du silence en moi, alors que la tempête infernale prend racine, je n’ai qu’une idée en tête : partir au soleil vivre ma vie, la plus belle des vies, loin des aliénés qui errent comme des fantômes pour tout aspirer et se morfondre en scandant l’hymne de la soumission de l’autre à leurs chimères qui s’autorégénèrent.
Celle qui sait et qui fait sans hanter les maisons des pauvres, sans braquer les esprits, sans déranger la beauté qui vit, sans traquer l’espoir qui bâtit les colonnes du temps, n’a que hâte de briser les chaînes de leurs démences qui lui font violence pour de maladroites quêtes de sens à ranger dans les tiroirs du lugubre célébré. Qu’ils gagnent leurs petits vices et chèques, quand ils ne me regarderont plus, ils perdront la vue, mais la lumière restera en moi.
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