
Apprentissage du français et qualité de vie ..
« La meilleure façon de défendre une langue, c’est de la parler bien, de l’écrire le mieux possible et de la lire beaucoup »
Gilles Vigneault
(Par Hella Ahmed) Je ne comprends personnellement pas pourquoi certaines personnes se font une colère de dire que le français est méprisé parce que d’autres citoyens ou visiteurs plus permanents habitant sur le même territoire ne sont pas d’une culture avec comme langue première parlée le français. Le français n’est absolument pas méprisé, il est aimé, même adoré. On passe une vie à découvrir et redécouvrir cette langue de poésie et de connaissance présente partout dans le monde, souvenons-nous-en.
Quand elle n’a pas laissé de traces historiques dans le passé dans un pays qui l’a apprivoisée et qui a continué à l’aimer et à l’honorer, comme elle l’a fait en Afrique noire et au Maghreb durant la colonisation, elle est quand-même très appréciée pour sa beauté et sa richesse malgré le peu de familiarité et la distance géographique. Aux États Unis, on en fait la représentation de l’élégance même, c’est une image récurrente en télévision et au cinéma chez nos voisins riches de leur propre culture (bien que le Québec soit plus proches des Êtas Unis que la France, c’est à la culture française à laquelle nous n’avons rien à envier qu’ils font référence).
L’apprentissage moderne
Si l’apprentissage du français a eu des moments difficiles chez nous pour des raisons logistiques, économiques et à cause de la prévalence de problèmes comportementaux dans les milieux scolaires qui a augmenté, il n’est pas menacé par les autres cultures ou langues. Le français, même quand il n’est pas assez bien maîtrisé au niveau de l’expression et de l’écriture, est sacré pour ceux qui le parlent. C’est une nature que l’on ne peut dénigrer ou rejeter quand on a grandi dans un milieu francophone (ou non francophone, puisque l’empathie et l’intelligence émotionnelle permettent à l’humain de comprendre que tout le monde n’est pas fait comme lui, que chacun a le droit de penser par lui-même, que chacun a ses goûts, et que c’est loin d’être brillant de s’indigner face à toute différence qui ne fait pas de soi le centre de référence).
Sur le terrain du réel, quand on s’occupe à intervenir en cas de besoins particuliers, à combattre des problèmes comportementaux et à résoudre des conflits relationnels, tout en ayant à composer avec des inquiétudes matérielles, on a moins le temps de se consacrer à bien enseigner le français. Pour les apprenants, c’est la même chose, l’énergie est canalisée de façon à gérer le stress et la détresse, elle est pas mal gaspillée aussi, malgré soi. Il reste par conséquent peu de place pour l’apprentissage approprié d’une langue.
Le manque de services en éducation spécialisée et une adaptation, qui fut lente, à de nouvelles problématiques sociales causées par le progrès technologique, et le peu de moyens financiers à disposition pour suivre le rythme ou adéquatement répondre à de nouveaux défis et besoins, n’a pas permis l’implantation de mesures appropriées assez rapidement. Le progrès est cependant le résultat d’une succession de mesures gagnantes et le portrait global commence à avoir bonne mine après un certain temps: processus de recrutement amélioré et adapté aux besoins actuels, formations, conditions de travail, vétusté et nouveaux établissements, soutiens diversifiés: aides à la classe, interventions spécialisées (psychosociales, cognitives et comportementales, et pour besoins particuliers). Donc le progrès est en cours lorsqu’on le souhaite vraiment, et le français reprend des forces en même temps que la qualité de vie s’améliore.
Mieux intervenir
Les aides à la classe sont d’une grande valeur, tout le monde le sait, et il est aussi important selon moi de donner une attention particulière à la possibilité d’intégrer de l’intervention spécialisée de façon plus systématique dans les écoles et les cégeps afin de réduire les tensions et d’apporter le soutien nécessaire de façon ponctuelle ou de façon régulière et en continu, selon les cas. Pour ce, il faudrait notamment alléger les protocoles dans le sens d’une accessibilité plus rapide et élargie qui puisse permettre dans de bons délais, avec l’appui d’un bon nombre de personnel impliqué, de libérer les énergies pour faciliter des apprentissages adéquats.
On append mieux dans un environnement sécuritaire, détendu et agréable, où la différence est normalisée grâce à une bonne philosophie de soutien et de partage pour que « faire corps » soit possible, et que la synergie s’opère. Le mouvement collectif est un mouvement d’individualités tissées ensemble comme une belle composition florale toute en couleurs et en formes.
Rendre à César ce qui appartient à César
Je pense que pour arrêter le déclin du français, il faut notamment rendre à César ce qui appartient à César, cesser d’ignorer la réalité des compétences qui existent en pensant de la sorte consolider l’illusion d’une hiérarchie dans le milieu de l’intellectuel qui servirait de pilier à un ordre social que l’on ne souhaite surtout pas voir être bousculé. Un ordre avec la pureté imaginaire comme symbole d’un pays pourtant bel et bien multiculturel. Les trésors n’existent pas pour être pillés et redistribués, mais pour être appréciés à leur juste valeur. La pureté des intentions déclarées est la seule qui puisse vraiment exister, et cette existence ne se confirme que lorsque les résultats apparaissent au grand jour, que la volonté de bien faire est bien vivante et évidente.
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