Biologie, mentalité et authenticité

(Par Hella Ahmed) Il arrive à beaucoup de gens de confondre les « jeux de manipulation associés aux effets des hormones d’attachement » avec le fait d’être amoureux. Ils perçoivent ainsi certaines réactions de dépendance, le frisson de posséder l’autre ou celui de se venger de qui rejette le désir exprimé ou ressenti, comme des composantes plutôt saines du « jeu d’être amoureux ». Or, tout cela est bien plus compliqué qu’il ne devrait l’être. Le bouddhisme enseigne que, lorsque nous rencontrons un partenaire compatible, nous sommes en paix, non inquiets. Je suis d’accord, bien que je ne sois ni bouddhiste ni experte en bouddhisme (c’est juste que la tranquillité est une idée plutôt cool).

Être amoureux devrait apaiser et enrichir, nous plonger dans un état de quiétude dont nous avons besoin. Il ne faudrait donc pas le concevoir comme un jeu, mais y investir des efforts fortifiants pour égayer et renforcer une romance qui s’épanouit. Je dirais à n’importe qui, à tout âge : soyez avec quelqu’un de doux, attentionné et honnête, et profitez ensemble des plus belles choses de la vie, sinon cela n’en vaut pas la peine. Tout ce temps perdu à se disputer, à ressentir de la colère et à comploter dans le vide pour se venger de l’autre ne reviendra jamais ! Le temps est précieux, utilisez-le à bon escient.

Le mystère de tomber amoureux

Il existe assurément une attirance physique (hors de contrôle) et une attraction d’ordre mental qui se manifestent simultanément lorsque l’on tombe amoureux. L’attraction mentale amplifie l’attirance physique dans le cas d’une connexion intense et viable. L’inverse peut également se produire, l’attirance physique amplifiant la chimie mentale, bien que cela puisse être trompeur. En effet, les humains sont doués pour l’autosuggestion lorsqu’ils veulent que leur désir devienne réalité, ce qui peut engendrer des dynamiques relationnelles toxiques.

La maturité permet une meilleure compréhension de cet ensemble, de tous les éléments qui jouent un rôle dans l’amour. De plus, certaines personnes développent plus rapidement une conscience aiguë d’elles-mêmes et des autres. Ceux pour qui cela prend plus de temps sont peut-être davantage attirés par le drame ou, malheureusement, enclins à en créer pour les autres s’ils sont narcissiques.

Et il y a plus d’une âme sœur pour chacun. Certaines personnes tombent amoureuses de plusieurs individus à la fois, c’est documenté. Mais généralement, lorsque nous nous sentons profondément bien avec quelqu’un, nous nous perdons l’un dans l’autre, dans le bon sens. Cette personne occupe nos pensées, agissant comme un bouclier qui protège notre lien privilégié et, par extension, notre engagement lorsque nous rencontrons d’autres personnes.

Concernant la rencontre avec l’âme sœur, il ne s’agit pas uniquement de romance. L’amitié peut aussi incarner une bienveillance jumelée à une grande complicité. Quoi qu’il en soit, rencontrer des gens est devenu extrêmement difficile à cause des réseaux sociaux et d’une méfiance généralisée. Les temps modernes révèlent une honnêteté souvent jouée, dévoilant bien des contradictions.

Le vrai bonheur est attirant

Bien sûr, certains agissent par intérêt, que ce soit pour l’argent ou le désir ; l’amour n’est pas immaculé ! Il s’agit toujours de négociations, et aimer implique de prendre un risque. Plus on comprend ce risque, mieux on peut choisir. Et si votre estimation était erronée, vous pouvez changer d’avis et passer à autre chose. Trop de risques en amour devient absurde : ce n’est plus une question de « romance », mais d’adrénaline et de jeux dangereux, peut-être ceux de l’amour fou, axé davantage sur l’adoration de soi à travers la possession de l’autre et la victoire, plutôt que sur une réelle intimité.

L’ironie est que celui qui pense pouvoir posséder ou objectifier l’autre ne peut réellement se posséder lui-même. La liberté, c’est aussi avoir conscience de sa véritable nature : la chair, les os et une conscience. Lorsque l’on conçoit l’autre comme un objet, on devient soi-même « une chose », car tous les humains sont faits de la même manière ; il n’existe ni demi-dieu ni maître.

J’aime voir les gens heureux ! C’est attirant. Et je ne parle pas d’un bonheur artificiel, comme celui affiché par ceux qui profitent des efforts d’autrui pour briller à leur place, par exemple en s’appropriant des opportunités ou des réussites qui ne leur reviennent pas. Ce n’est pas non plus celui de ces sourires forcés lors d’événements où d’autres, peut-être moins qualifiés, occupent des places convoitées, laissant un sentiment d’injustice ou de mise à l’écart.

Le vrai bonheur, celui qui n’est pas mis en scène, est toujours merveilleux à voir. Tout ce qui est orchestré pour blesser ou rabaisser autrui révèle une fragilité, une tentative maladroite de compenser un manque intérieur. La vie est meilleure, plus authentique et valorisante, lorsque nous nous concentrons sur nos propres aspirations et parvenons à créer par nous-mêmes.

Peut-on sacrifier son bonheur pour l’amour?

Eh bien, l’amour est censé apporter le bonheur ! Alors, aimez-vous, et vous aurez déjà sécurisé une bonne part de bonheur. Si la vie vous offre l’amour d’une famille attentionnée, de bons amis, de collègues justes et fidèles, ou d’un ou plusieurs partenaires amoureux, vous serez comblé. Si vous ne vous aimez pas, vous risquez d’attirer, d’accepter ou de rechercher des relations toxiques, ce qui hypothéquera forcément votre bonheur.

Comment s’aimer?

Connaissez votre valeur, reconnaissez vos défauts, apprenez, améliorez-vous et ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous inflige en tant que personne digne de respect et de gratitude. Ne vous attribuez pas le mérite des idées et du travail acharné d’autrui, ne vous appropriez pas leurs réussites, ne volez pas leurs investissements ni leurs projets de vie.

Le karma frappe toujours, d’une manière ou d’une autre ! Nul n’ayant commis un tort délibéré et calculé n’y échappe. Le boomerang fait son chemin et revient à l’improviste pour frapper fort.

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