
Élargir son horizon: vers une compréhension bienveillante des émotions
(Par Hella Ahmed) Récemment, j’ai parcouru un texte stigmatisant qui qualifiait les femmes diagnostiquées avec un trouble de la personnalité borderline (TPB) de « sans peau ». Cette chronique infantilisait les femmes en quête de soutien psychologique, les désignant comme des « filles sans peau » plutôt que de les reconnaître comme des adultes. Son titre, apparemment emprunté à un roman, dévalorisait implicitement les femmes avec « un trouble émotionnel prolongé » et des conflits relationnels sous-jacents.
En gros, l’argument central semblait suggérer qu’elles manquaient d’un sens fondamental de soi, mais qu’un « amour radical » en relation thérapeutique pouvait fusionner avec elles pour combler ce vide, leur offrant une partie manquante de soi, comme une greffe de peau appliquée à petits coups sur un siècle de répétitions. En réalité, les défis liés à la régulation émotionnelle, bien que significatifs, ne rendent pas les individus incomplets ou inaptes à faire individuellement des choix gagnants au cours d’un processus de croissance personnelle se voulant nourrissant et porteur de bienfaits.
Mieux comprendre
Il est contre-productif de prétendre que les personnes avec des souffrances liées à la santé mentale et aux émotions manquent de sens de soi ou de discernement. Affirmer qu’elles naviguent dans la vie « sans peau » insinue qu’elles sont anormales, incapables d’exister de manière autonome et nécessitent d’être constamment guidées pour affronter un monde insaisissable ou impossible à maîtriser. Ce discours dépeint certaines femmes comme étant intrinsèquement dysfonctionnelles. Une telle représentation dénigre l’empowermentdont elles auraient plutôt besoin. C’est insultant de les déshumaniser en leur arrachant symboliquement leur peau, alors que chacune possède la sienne, unique et entière.
Historiquement, les erreurs de diagnostic ont été fréquentes, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou les traumatismes complexes ayant souvent été confondus avec le TPB. Cela a exposé beaucoup de femmes à des traitements douteux au sein de systèmes archaïques qui les stigmatisaient comme mentalement déficientes et porteuses d’une condition honteuse. Autrefois, la formation en psychologie et en psychiatrie, ancrée dans le monde convoluté de la psychanalyse, enseignait presque que les personnes atteintes de TPB étaient perpétuellement immatures et irresponsables. Les étudiants et les professionnels se livraient à des interprétations spéculatives des liens psychologiques des femmes avec le monde, parfois avec un sourire condescendant échangé entre collègues.
La vérité frappe à la porte
La guérison commence lorsque les individus comprennent et intériorisent, à travers des phases distinctes mais interconnectées, qu’ils sont seuls responsables de leur propre salut, mais que se faire aider quand nécessaire est une porte vers plus d’autonomie. Les réponses des autres à leurs luttes internes et externes ne sont pas des obligations, mais des actes d’amour qui demandent un soin mutuel. Nul ne peut exiger que ses émotions priment constamment sur celles d’autrui, car chacun fait face à ses propres défis. Une véritable connexion naît d’une rencontre à mi-chemin, forgeant des liens fondés sur une compréhension et une solidarité mutuelles.
Les classifications comme le trouble de la personnalité borderline, le trouble de la personnalité narcissique ou l’ancien trouble de la personnalité histrionique — autrefois réservé aux femmes jugées trop en quête d’attention ou excessivement expressives émotionnellement en raison de conflits inconscients — sont, qu’on le veuille ou non, des étiquettes potentiellement stigmatisantes. Pourtant, nos systèmes reposent sur la catégorisation, et un diagnostic de TPB peut débloquer un soutien significatif: un accompagnement professionnel, des aménagements au travail et un cadre pour se comprendre. Le défi réside dans l’équilibre entre les bénéfices du diagnostic et les préjudices de la stigmatisation, qu’il faut travailler à éliminer.
La dynamique du TPB dans les relations
Le détachement, pour les deux parties dans une relation amoureuse ou proche, peut être sain. Prenons une nouvelle relation où l’un des partenaires est envahissant : le détachement de l’autre signale le respect de soi. Aussi, si une personne bienveillante réalise que la stabilité émotionnelle du partenaire dépend entièrement d’un besoin constant de réassurance à combler, cette responsabilité peut indiquer de la manipulation émotionnelle — un signal d’alarme à ne pas négliger.
Certaines personnes parviennent à composer calmement avec la volubilité émotionnelle d’un proche, gérant adéquatement le besoin intense de validation et de réponses immédiates pour apaiser l’anxiété. Elles peuvent soutenir une personne souffrant de traumatismes émotionnels ou de carences affectives, qui manque de mécanismes d’adaptation sains ou de réponses adaptatives aux défis quotidiens. Cependant, nul n’est tenu d’endosser le rôle de sauveur en relations amoureuses, nul ne peut exiger qu’un partenaire prenne entièrement en charge les luttes psychologiques de l’autre. Cela ne signifie pas que les personnes pour lesquelles la régulation émotionnelle représente un grand défi ne peuvent trouver l’amour, il est simplement problématique d’exiger des soins par un chantage émotionnel. C’est là que la thérapie ou le coaching deviennent précieux.
Le rôle de la thérapie et du coaching
Soutenir une personne qui ressent que le monde s’effondre à chaque abandon perçu ou dont l’anxiété s’intensifie souvent jusqu’à des pensées suicidaires pour échapper à une douleur écrasante représente un effort non négligeable, surtout pour ceux qui ne sont pas des thérapeutes pleinement conscients et aptes à entretenir des rapports équilibrés qui aident au développement personnel. Le besoin constant de réassurance, de validation et de promesses d’amour éternel peut être épuisant ou déstabilisant. Bien que ces désirs soient universels, l’intensité des crises et des drames dans le TPB peut sembler disproportionnée. La dévotion totale en amour n’est pas une réalité, nul ne doit totalement se soumettre aux besoins émotionnels d’un autre, et la paix ne peut coexister avec la coercition émotionnelle.
L’anxiété est une tension à la fois corporelle et mentale qui peut être gérée. La thérapie enseigne aux individus qu’ils sont entiers par eux-mêmes et que le monde peut les accueillir avec détachement — un signal pour cultiver le leur. Embrasser sa propre valeur, affirmer ses droits inaliénables et accepter la vérité que nous naissons et mourons seuls permet aux individus de s’engager dans la vie de manière authentique en se sentant entiers dans l’univers qui fait de nous qu’un. Nous avons tous une « peau », et nous sommes tous complets. Les diverses thérapies respectueuses existantes, menées par des praticiens bienveillants, n’ont pas recours à des métaphores stigmatisantes comme les « sans peau », elles favorisent plutôt le respect de soi, des limites saines et la résilience.
Le miracle de l’amour serein
Certains partenaires amoureux, dotés de tact, d’intuition et de l’inestimable capacité à accompagner dans le calme, grâce à une intelligence émotionnelle développée et un don de soi exempt de sacrifice douloureux ou du besoin de faire sentir l’autre redevable, peuvent apaiser les blessures de leur amoureux ou amoureuse. Ils transforment ainsi la dynamique relationnelle pour le mieux, ayant un impact durable sur la personnalité de leur partenaire de vie actuel que la relation dure ou pas.
- We talk about “putting oneself in the other’s skin” to understand empathy. When a debater person claims that people with mental health issues have no skin, and that her own skin is the most beautiful, one wonders where there would be space for care. Blatant toxic narcissism makes its own person the pool of Narcissus! And it wants to teach us to live and to be silent in the face of insidious violence and plundering. There is the ugliness of factitious sweetness.
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