(Par Hella Ahmed) La prise de conscience de nos émotions, leur validation et leur gestion, ainsi que la planification pour obtenir les résultats visés constituent une excellente recette pour réussir professionnellement. Du côté relationnel aussi, cette méthode réussit, et ce, quel que soit votre passé. Elle demeure également étroitement liée à des compétences sociales qu’il s’agit de travailler à développer tout au long de la vie.
Quand il n’a pas été plutôt équilibré, notre passé en matière d’expression des émotions a pu être plutôt restrictif ou, à l’autre extrême, marqué par de grandes effusions.
Les styles parentaux n’étant pas les mêmes en matière d’éducation, l’expression des émotions a pu être encouragée chez certains pour installer, dès l’enfance, la croyance qu’il est normal de valider ses émotions et de parler de ses sentiments afin de favoriser une résolution de problèmes écologique en tout temps et en tout lieu.
Dans ce sens, il est primordial d’encourager un type de communication qui puisse permettre une judicieuse appréciation de tous les éléments en jeu dans chaque situation, dans le but de faciliter l’existence d’un équilibre relationnel.
Quand l’expression des émotions dans son milieu de vie, durant les tendres années, a été plutôt celle d’un modèle orageux, il se peut qu’elle soit plus tard associée, aux niveaux conscient et inconscient, à la violence ou au danger, et peut-être même à un sentiment de dégoût, car elle rappelle, par association, des moments difficiles et désagréables, notamment des discordes, des colères, des tristesses et des crises impliquant des personnes significatives.
Le temps de faire un bilan
Ce bilan de votre intérieur émotionnel, c’est celui de votre vie émotionnelle actuelle, mais aussi celui de votre passé qu’il s’agit de revoir pour remettre les choses en perspective et atténuer les soubresauts nébuleux qu’il peut provoquer à votre insu dans votre présent. C’est aussi celui de votre vie future, car il est intéressant de faire l’exercice de se projeter dans l’avenir avec un regard bienveillant, et ce, quelles que soient les injustices et/ou les abus que vous ayez pu subir, aussi bien sur le plan relationnel que professionnel. Un passé difficile, où il y eut des embûches et/ou des abus, n’est pas garant d’une destinée tragique : « Se réaliser dans l’existence, c’est s’ancrer, c’est demeurer et devenir soi. »
Pour y arriver, l’art de relativiser est à cultiver. Sous cet angle, les sentiments encore ambigus ne sont pas des menaces ou des freins à l’ascension. L’intelligence émotionnelle ne se résume pas à la seule compétence de valider une émotion reconnue chez soi ou chez l’autre. Il ne s’agit pas non plus d’être constamment en train d’analyser ses sentiments jusqu’à se dissocier sans cesse. Bien au contraire, cette forme d’intelligence concerne aussi la capacité de composer avec des imprévus et de tolérer l’incertitude face à ce que l’on ne peut pas tout de suite totalement cerner ou régler.
Cette souplesse démontre une indulgence envers soi. La flexibilité mentale permet aussi d’accepter l’autre dans son individualité, de l’accueillir quand la rencontre est positive ou de s’en éloigner quand l’association est plutôt délétère.
La souplesse ou la fatalité ?
L’intelligence émotionnelle est aussi reconnue comme une compétence professionnelle. On en tient compte lorsque l’on mise sur des leaders dans les milieux d’affaires et en innovation. Les organisations valorisent de plus en plus ce levier important en matière de collaboration et de développement. Évidemment, dans le domaine de la santé, c’est plus qu’important, c’est extrêmement précieux.
Voir des traits personnels problématiques comme une fatalité n’est pas tout à fait juste au regard de ce que la gestion objective et sélective de nos émotions et de nos relations peut apporter. On fait de son mieux et on choisit judicieusement ses batailles.
Les conditions favorables au changement vers le positif aident à minimiser l’expression de certaines tendances pour renforcer l’intégration d’autres façons de faire et de s’exprimer. Elles facilitent de nouveaux apprentissages qui permettent de pleinement s’approprier les bienfaits du changement.
Bien entendu, ces conditions ne dépendent pas entièrement de soi, puisque l’environnement n’est pas toujours propice au positif. On peut se retrouver dans des situations délicates dont on ne tient pas les ficelles, mais ce qui est entre les mains de l’acteur, sujet et, en partie, architecte de son environnement, c’est l’introspection, le face-à-face avec soi, l’acceptation et la planification.
En se basant sur ce qui a été perçu et sur ce qui s’observe comme étant en devenir, de façon dissociée et lucide, l’on acquiert de la souplesse dans la manière de dire, de se dire et de faire. C’est dans cette perspective que l’on peut constater l’intelligence émotionnelle aussi bien déployée qu’en plein développement.
La vie n’est pas plus facile ou meilleure sans émotions. Les plus petites décisions se prennent alors que les émotions sont impliquées dans le processus ; les motivations sont liées aux émotions.
Nous savons que l’intelligence émotionnelle est malléable et qu’il est, par conséquent, possible de travailler à un retournement de situation positif à chaque épreuve, grâce aux apprentissages et aux prises de conscience. C’est cette énergie, celle de nos impulsions et de nos motivations, qui crée des solutions et travaille à notre tranquillité d’esprit quand elle est bien canalisée.
Aller vers l’autre pour revenir à soi
Certaines compétences au plan personnel peuvent être plus développées que des compétences sociales. Au lieu de parler de lacunes ou d’erreurs stratégiques dans sa façon d’être au monde, il est plus juste de parler de façons de faire à améliorer et de prise de distance régulière pour une reprise des opérations avec une ligne directrice plus propice au confort personnel et collectif. Un confort personnel qui reste intimement lié à la capacité de composer avec les émotions et les sentiments des autres, ainsi qu’à la compétence de reconnaître, par l’observation et l’analyse, les stratégies qu’ils mettent en place pour arriver à leurs fins.
Avec la pratique régulière du bilan, on peut reconnaître les erreurs de parcours et se fixer des objectifs écologiques tout en se protégeant. C’est ainsi que l’intelligence émotionnelle peut être mise au service de soi et de l’intelligence collective.
La rencontre avec soi
Prenons le cas d’un chercheur d’emploi qui fait face à de nombreux refus, parfois même pour des postes qui sont loin de combler ses réelles aspirations ou de refléter ses compétences. Il garde sa maîtrise de soi, car il a appris, au fil des ans, à prendre conscience de ses émotions, à les valider en faisant un arrêt pour analyser et se désengager de ce qui n’est pas aidant, pour plutôt planifier d’autres trajectoires.
Même s’il y a lieu de faire des compromis durant la transition vers une meilleure situation, il est important de ne pas perdre de vue ses réelles ambitions et le sens de sa valeur personnelle. Notre intelligence émotionnelle nous protège de nous-mêmes et des autres, en nous portant à nous recentrer régulièrement.
Bien que le chômage prolongé soit une épreuve difficile pour tous, et que ne pas se sentir utile au travail ni en possession d’un certain pouvoir économique essentiel à l’autonomie et à la liberté puisse grandement baisser le moral, c’est aussi une période où l’on peut se découvrir des qualités et des compétences que l’on n’osait pas imaginer. Il y a un temps précieux qu’il ne faut pas regretter, celui de la rencontre avec soi. On le consacre à devenir son propre ami et allié, un temps pour s’engager vers l’amour de soi envers et contre tout obstacle temporaire.
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