L’importance d’exprimer le refus de relation – Par l’auteure et essayiste Hella Ahmed

Qu’on le veuille ou non, certaines personnes persistent à vouloir imposer une relation, même face à un refus explicite. Malgré une opposition claire et nette, elles s’obstinent, parfois pendant des années, à conquérir, harceler ou nuire à la personne qui les rejette. Ce comportement peut prendre la forme d’un acharnement obsessionnel, voire de violence, physique ou psychologique.

Pendant que les personnes visées tentent de vivre leur vie, ces individus s’accrochent à une illusion malsaine, faisant de l’observation compulsive de leur cible leur principale occupation. Certains, en manque de stimulation ou de projets personnels, se livrent à des jeux pervers pour se sentir vivants. Ils oscillent entre déclarations d’amour ou d’admiration et insultes, souvent motivés par une forme de compétition déloyale ou de chantage émotionnel, utilisant des techniques comme la « double contrainte » pour forcer un lien.

Dans certains cas, ces comportements traduisent une croyance absurde : celle qu’un désir de relation pourrait naître malgré la résistance de la cible. Cette obsession, parfois liée à des troubles comme l’érotomanie, conduit à des transgressions répétées des limites, transformant la relation en une forme de parasitisme

Il y a la croyance absurde que le désir de relation puisse quand-même naître et que la résistance de la cible face aux attaques vénales et à la transgression des limites en prenant le chemin du parasitisme ne cesse.

Exprimer le refus, c’est important

Même si la peur du rejet est une blessure humaine universelle, il est essentiel d’exprimer un refus avec clarté et fermeté, sans se justifier. Comme le dit l’adage, « non est une phrase complète ». Que ce soit dans le domaine sentimental, amical ou professionnel, personne ne devrait avoir à expliquer ses choix ou ses limites. Les individus malveillants, tels que les manipulateurs ou les narcissiques, exploitent souvent l’ambiguïté pour instrumentaliser leurs cibles. Face à eux, un refus catégorique est non seulement légitime, mais nécessaire.

Dire « non » s’apprend. Même si certains sociopathes peuvent retourner cette affirmation contre vous, elle reste votre meilleur outil pour protéger votre intégrité. En l’absence d’un refus clair, on risque de vous reprocher un manque de fermeté. Si un simple « non » ne suffit pas, il faut alors exiger le respect de vos limites, voire recourir à des mesures pour garantir votre sécurité et votre paix d’esprit.

Les relations ambiguës et la manipulation

Certaines personnes cultivent volontairement l’ambiguïté dans leurs relations pour manipuler les sentiments d’autrui. Ces individus, souvent narcissiques, cherchent à contrôler ou à instrumentaliser leurs cibles, les transformant en jouets dans leur scénario égoïste. Face à de tels comportements, un refus ferme est indispensable pour se protéger.

Dans toute relation, amicale, amoureuse ou professionnelle, il est normal de vouloir clarifier ses attentes. Avec le temps, il devient naturel de savoir où l’on se situe et de tracer des limites claires pour préserver sa qualité de vie. Ces balises sont essentielles pour maintenir un équilibre sain et éviter les intrusions toxiques.

L’admirateur envieux, concurrent obsessionnel

Certaines personnes développent une fixation sur celles qui incarnent ce qu’elles auraient voulu être ou accomplir. Paradoxalement, elles dénigrent ce qu’elles admirent, révélant une blessure d’estime de soi masquée par un discours de grandeur autoproclamée ou de victimisation. Plutôt que d’affronter leur jalousie et de travailler sur elles-mêmes, elles préfèrent attaquer la source de leur obsession.

Ce comportement, souvent illusoire, repose sur un déni de leur propre fixation. Ces individus se comparent constamment à leur cible, s’auto-glorifiant de manière excessive tout en restant focalisés sur une seule personne, parfois pendant des années. Pourquoi une telle obsession ? La réponse réside souvent dans une incapacité à accepter leurs propres limites et à se détourner de ce qui les consume.

Harcèlement névrotique et transgression des limites

Voici quelques exemples de comportements problématiques :

  • Obsession délirante: Une personne convaincue qu’elle doit être adorée par quelqu’un qu’elle ne connaît pas ou à peine, malgré un refus clair, peut présenter des traits antisociaux. Ce comportement, parfois symptomatique de l’érotomanie, viole les droits de la personne ciblée et peut aller à l’encontre de la loi. Bien que l’érotomanie ne soit pas systématiquement liée à des actes criminels, forcer une relation non consentie constitue toujours une atteinte à la liberté d’autrui.
  • Manipulation par l‘orbiting: Certains manipulateurs maintiennent volontairement leurs cibles dans la confusion, alternant entre rapprochements et retraits stratégiques pour garder le contrôle.
  • Déni des stalkers: Les harceleurs persistants minimisent leurs agissements, prétendant qu’il s’agit de « divagations » ou de « diffamation » lorsque leurs comportements sont exposés. Leur ego blessé les pousse à persévérer, parfois au détriment de leur propre dignité.
  • Comportements ambivalents: Une personne alternant entre discours amoureux et haineux, incapable d’accepter un refus, adopte une attitude inappropriée et inquiétante, cherchant à imposer un lien imaginaire ou non consenti.
  • Sentiment de possession: Certains individus, incapables d’accepter que leur cible ait une vie indépendante ou du succès sans eux, s’accrochent à l’idée qu’elle leur « appartient ». Ce type de harcèlement névrotique prive la victime de sa liberté et de sa tranquillité.

Attention : un danger réel

Le harcèlement névrotique peut dégénérer en traque physique ou en agressions dans les cas les plus graves. Certaines personnes, enfermées dans leur délire, s’imaginent être en relation légitime avec leur cible, la percevant comme résistante par manque de bonne volonté ou comme quelqu’un à « sauver » de sa propre réticence. Ces comportements, parfois conscients et assumés, sont souvent niés ou justifiés par des discours maladroits visant à prolonger le lien non consenti.

Exemples concrets

  • Des pseudo-thérapeutes délirants, convaincus de devoir « guérir » à distance une personne qui les obsède, perçoivent son refus comme une simple résistance à surmonter. Ce comportement, loin d’être thérapeutique, est antisocial et nuisible.
  • Des cas d’érotomanie où l’individu croit à tort qu’une relation existe.
  • Des narcissiques incapables d’accepter que leur cible ne soit pas subjuguée par eux, exigeant une soumission totale.
  • Des « copycat stalkers », souvent des femmes, qui s’acharnent pendant des années à imiter, parasiter ou surpasser leur cible, détruisant criminellement sa vie tout en poursuivant leur obsession morbide.

Conclusion

Exprimer un refus clair est un acte de respect envers soi-même et ses limites. Face à des comportements toxiques, manipulateurs ou obsessionnels, il est crucial de rester ferme et de protéger son intégrité. Si le harcèlement persiste, il peut être nécessaire de recourir à des mesures légales pour garantir sa sécurité. Dire « non » est un droit fondamental, et personne ne devrait avoir à vivre dans l’ombre d’une obsession non désirée.

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Hella Ahmed 2020 © All rights reserved – Find my books on Amazon