Comprendre le délire et le traiter

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« Le délire est un des symptômes les plus difficiles à traiter, selon les experts », explique Dre Tina Montreuil, psychologue et chercheure. Délire et hallucinations sont deux choses différentes, bien que les deux soient des symptômes positifs dans le cas d’une schizophrénie par exemple.

Le délire à lui seul ne constitue pas un symptôme suffisant pour parler de psychose. La délire est différent d’une personne à une autre au niveau de sa manifestation. Aussi, le délire provoqué par traumatisme crânien ou des lésions neurologiques n’est pas du même ordre qu’un délire apparenté à un problème de santé mentale. En considérant le contexte, les méthodes varient pour traiter le délire. 

Délire paranoïde, délire de persécution et délire de grandiosité

« Le délire est une croyance qu’une personne maintient même en l’absence de preuves tangibles ou encore en la présence de preuves contraires à cette croyance-là », explique Dre Montreuil. Quant à l’hallucination, elle est présente en l’absence d’un stimulus.

Quand on parle de psychose, le délire est un symptôme qui s’ajoute, mais s’il ne vient pas conjointement à des hallucinations, on ne parlera pas de trouble psychotique comme dans le cas de la schizophrénie, et ce, même si le délire est un symptôme psychotique. « Si le délire se présente seul, on parlera plutôt d’un trouble délirant ».

La manifestation du délire varie, un délire spécifique peut être présent sans forcément entraîner une conséquence négative pour la personne qui le présente et qui demeure fonctionnelle, mais dans d’autres cas, le délire peut être beaucoup plus accaparant et causer des dommages considérables. Le délire paranoïde par exemple peut mener à l’isolement social par crainte d’en venir à vivre des choses difficiles ou à faire face à des dangers, il peut avoir comme conséquence pour l’individu de ne plus pouvoir entretenir de relations amicales ou même de travailler, puisque ce dernier suspecte que du mal pourrait lui être fait.

Le délire de persécution qu’on connaît comme relié à la schizophrénie s’apparente au délire paranoïde, mais en est tout de même différent. Il peut susciter la crainte importante d’être blessé ainsi que des idées de références impliquant la croyance d’être contrôlé à distance par la pensée de quelqu’un ou par des messages subliminaux. 

Le délire de grandiosité vient souvent compenser pour des sentiments d’inaptitude en lien avec les attentes de la personne vis-à-vis d’elle-même ou celles de son entourage à son égard. Des attentes réelles ou qu’elle aurait ressenties et qui lui auraient causé le besoin de compenser.

Ce délire peut laisser l’individu s’étant créé un personnage grandiose totalement fonctionnel. Un délire peut aussi déraper jusqu’au discours qui s’apparente à celui du gourou aux pouvoirs surnaturels, avec la conviction qu’il est  supérieur et que ses croyances dites exceptionnelles sont fondées. 

Peut-on provoquer un délire chez quelqu’un?

Dre Montreuil explique que les personnes ayant moins recours à un esprit critique, ou étant plus portées à se fier sur leur intuition, seraient plus à risque d’être envoûtées par un discours délirant jusqu’à se ranger du même côté.

Les gens plus sceptiques seraient donc moins manipulables que les personnes n’ayant pas besoin de preuves concrètes et d’explications rationnelles pour se ranger du côté d’une croyance quelconque. Par ailleurs, certaines personnes peuvent développer des vulnérabilités à une certaine phase de leur vie et devenir plus à risque d’être manipulées (soit plus sensibles à la désinformation et à la manipulation). 

En ce qui concerne le traitement

Le délire ne serait pas aussi bien traité par la médication que les hallucinations. La thérapie cognitive et comportementale avec les exercices qu’elle prescrit reste très utile pour traiter le délire. Elle aide à une vérification qui passe par l’approche Colombo ou celle du journaliste, l’idée étant de rester neutre durant la collecte d’informations entourant la croyance afin de mettre en reflet, avec le client, cette information-là. Et c’est à travers cette réflexion quant à la cohérence du tout que l’individu peut devenir plus sceptique vis-à-vis de ce genre de croyances accaparantes qui restent non fondées et qui finissent par devenir inutilement inquiétantes.

Le pire serait de déconstruire dès le départ le discours de la personne et de lui expliquer le pourquoi du non fondé de ses croyances délirantes, car l’objectif est plutôt celui de l’amener à confronter la réalité et à se faire elle-même une idée de ce qui se passe.

« Souvent, la personne qui a formé un délire tentait de se protéger d’une charge émotive quelconque ». Aider la personne à gérer ou à accepter les charges émotives, soit tolérer les émotions négatives et mieux assimiler au final ses émotions, c’est l’amener à accepter la réalité du délire dont la fonction est de compenser pour le manque, comme dans le cas du délire de grandiosité par exemple, et d’envisager une alternative plus réaliste. 

La fonction du délire est d’échapper à une réalité inquiétante ou source de souffrance; apprendre à vivre avec ses émotions et moins en souffrir éloignerait du recours au délire.

Le délire suite à un traumatisme crânien ou un accident cérébral

Dans le cas d’un traumatisme crânien ou d’un accident cérébral, le délire n’est pas apparenté à un trouble délirant, on ne peut le qualifier comme tel, mais on parle tout de même d’un délire puisque les pensées sont désorganisées et le discours décousu. Il existe différentes stratégies qui facilitent la communication lorsque ce genre de désorganisation existe.

Aussi, les avis varient quant à l’attitude à adopter dans ces situations. Certains prescrivent de ne pas hésiter à pointer les fausses croyances et de les corriger, alors que d’autres prescrivent d’être plus souple. On s’entend cependant sur le fait qu’en ce qui concerne les  »loss » permanents, il s’agit de poser des balises pour protéger la personne et veiller à une cohabitation sociale positive. Par exemple, on conseillera de n’aborder certains sujets que dans certains contextes, ou de discuter de telle ou telle chose avec sa famille, mais de ne pas en faire mention au travail pour éviter les jugements ou les incompréhensions.

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