Le discours paradoxal au service de la manipulation mentale – Par Hella Ahmed

M'anipulation

(Par Hella Ahmed) Certains manipulateurs emploient la double contrainte pour maîtriser ou même ridiculiser leurs cibles. N’importe qui serait déstabilisé par l’usage d’une illusion de liberté au service de l’encagement et de la saturation mentale jusqu’à l’abrutissement, à moins d’être conscient du danger et en mesure de s’en protéger. 

Malheureusement, les personnes vulnérables comme les enfants épeurés et les adultes qui ont de la difficulté à faire face à la contradiction sont souvent les plus piégés par ce système qui ne donne pas réel choix de réponse quand une pseudo demande avec liberté de choix est formulée. 

La double contrainte vous propose de choisir entre deux possibilités, mais les deux options sont obligatoires sous la menace d’un chantage émotionnel intenable. Les deux choix ne peuvent se réaliser à la fois puisqu’il faut trancher alors qu’il n’est pas réellement possible de choisir. Ce sont deux contraintes qui s’opposent. 

Quand le chantage émotionnel se passe en famille, il existe bien souvent, et ce paradoxalement à cette douloureuse et destructrice façon d’interagir, les bonnes intentions des uns vis-à-vis des autres. Ce mécanisme peut donc s’avérer aveugle ou semi-conscient dans des dynamiques relationnelles où la communication est dysfonctionnelle.

C’est parfois la domination qui maintient le cycle malgré une certaine culpabilité qui peut exister. Aussi, l’excitation que suscite le désir de puissance et le fait d’être conscient du plaisir que procure l’observation de la soumission de l’individu coincé empêchent les personnalités dominantes d’agir dans le sens du bien général.

Dans un tel système, le bien général serait intimement lié à la loi du décideur qui ne laissera personne détruire ou faire diminuer son pouvoir. Qu’il soit gestionnaire, arnaqueur ou agresseur, le communicateur pervers peut s’avérer totalement en maîtrise du manège et se faire un plaisir de déstabiliser la victime pour la gloire de ses intérêts ou simplement pour s’amuser.

Le communicateur pervers

Côtoyer une personne abusive dans une relation conjugale déshumanisante peut anéantir son droit de parole même au plus profond de soi. La peur est l’outil le plus efficace et le plus ravageur quand il en est d’endoctriner ou de contrôler. La peur paralyse, l’individu est sous emprise et sa voix intérieure parle le langage du doute constant et de la dévalorisation qui rendent impuissant.

Il y a la peur de l’impact ou des conséquences de sa désobéissance sur les personnes proches étant donné que sa propre tolérance à la souffrance, du côté de la victime, augmente avec le temps et que son estime de soi diminue. Ce sont les autres qui comptent avant tout et ses propres pensées ou désobéissances auraient étrangement le pouvoir de faire du mal aux personnes chères.

L’agresseur n’a parfois plus qu’à jeter un regard, sans rien verbaliser, pour que la voix intérieure de la victime teintée de violence parle à sa place : « Tu vas voir ce qui risque de t’arriver ».  « Tu vas voir ce qui risque d’arriver à cause de toi »

« Deux réponses avec l’obligation de chacune interdisant l’autre ». Ce type de communication piège a pu être hérité ou appris à force et par survivance par les personnes qui le véhiculent.

Ami, famille ou partenaire intime, le manipulateur jouera à vous faire croire et douter, en alternance, ou même en même temps (en usant de mimiques contraires à ses propos), pour vous flouer. Il fera dans le séduction et le rejet, sans arrêt. Il complimentera puis critiquera par redevance puisqu’il a déjà fait du bien. Il vous regardera amoureusement tout en vous insultant, il vous jettera des regards noirs en vous demandant de venir vous réfugier dans ses bras. Il vous fera sentir inadéquat, incapable de vous fier à vos propres intuitions et raisonnements.

Une personne sous emprise souffrira de confusion identitaire et d’ambivalence au niveau de sa perception quant à sa propre compétence à raisonner en général et à juger de ce qui relève du bon sens commun, du bien et du mal vis-à-vis de soi et malheureusement peut-être même concernant autrui. Elle peut vivre dans cette prison mentale pendant très longtemps, jusqu’à fort heureusement la survenue d’un déclic libérateur, annonciateur d’un changement graduel propulsé par une volonté consciente de redéfinir sa propre identité pour retourner à l’essentiel de son individualité.

Double contrainte et porte de sortie

On vous pose une énigme et à force de réfléchir, vous trouvez la réponse. Il en est de même avec de l’aide ou de nouveaux apprentissages pour une personne qui se trouve piégée face à A et B, et qui n’a encore jamais pensé à C ou eu le courage de l’exprimer en usant de sa liberté de choix pour changer les règles d’un jeu auquel elle perdrait éternellement.

Pour prendre conscience d’une situation de double contrainte dans les communications habituelles, il est intéressant d’identifier parmi ses relations celles qui occasionnent des émotions fortes et de la souffrance évidente lors des interactions/conversations. 

Il y a de ces rencontres où l’on se sent littéralement déstabilisé, angoissé, même complètement écrasé sur le coup et convaincu du poids des paroles de l’orateur expérimenté, mais par la suite extrêmement mal à l’aise et avec la sensation d’avoir été sous-estimé ou berné. Après repos et recentrement, une prise de distance par rapport à la source des dérangements, on reprend contact avec sa volonté, ses ambitions réelles et sa motivation.

Durant les situations de manipulation, il est très aidant d’être à l’écoute de son corps qui donne le signal. C’est être à l’écoute de ses battements de cœur pour empêcher la paralysie sous l’effet de panique, ou de l’autre côté, prendre conscience du clame plat qui vient avec la fatigue causée par la saturation mentale, afin de se demander si ce que l’on ressent ressemble à du bien-être ou s’il s’agit plutôt d’une affreuse capture mentale.

En reprenant le contrôle de son rythme par la pensée, soit en se prescrivant de respirer de façon à relaxer et en centrant son attention sur le calme que l’on veut retrouver par soi-même, on peut écarter les injonctions des prédateurs. On se dissocie de la situation et on devient son propre partenaire de survie devant l’attaquant, exactement comme au combat, tel un guerrier bien paré. 

Finalement, si la situation est pénible et que vous ne pouvez simplement plus l’endurer, que l’on vous manque de respect et vous prend pour un jouet, vous avez la droit de quitter pour sauvegarder votre liberté et explorer ce que la vie vous réserve ailleurs de bien meilleur. 

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