L’impact du trouble d’anxiété généralisée est important dans la vie des personnes qui le présentent. Ce trouble se manifeste par la présence d’inquiétudes continuelles. Certaines de ces inquiétudes sont réelles, c’est-à-dire qu’elles sont en lien avec des sujets d’actualité, alors que d’autres concernent des problèmes éventuels, elles sont donc en lien avec des scénarios imaginés. À cause de leur intensité, elles empêchent de se concentrer sur les choses de l’immédiat et d’être en action.
Avec Vedrana Ikic, doctorante en psychologie (c), spécialisée en troubles anxieux, nous avons réuni des éléments utiles à comprendre les symptômes du trouble d’anxiété généralisée (TAG) ainsi que ses répercussions et à informer au sujet des solutions possibles pour améliorer sa condition quand on en souffre.
Qu’est-ce que le trouble d’anxiété généralisée (TAG)?
Le TAG fait partie d’une catégorie diagnostic appelée les troubles anxieux qui regroupe différents problèmes d’anxiété sévère. Le TAG se caractérise par la présence d’anxiétés et d’inquiétudes excessives concernant plusieurs événements de vie. Bien que s’inquiéter soit tout à fait normal, lorsque les inquiétudes sont présentes tous les jours, qu’elles sont excessives et non contrôlables, et ce sur une durée de 6 mois, nous parlons probablement d’un trouble anxieux.
Des personnes ayant toujours été de nature inquiète peuvent vivre des périodes plus stressantes. L’inquiétude excessive, l’agitation, de la difficulté à se concentrer, de la difficulté à s’endormir ou à rester endormi, à cause d’inquiétudes, peuvent être les signes d’une aggravation de la situation et la présence d’une pathologie anxieuse.
Les thèmes d’inquiétudes pour les personnes présentant un TAG sont des thèmes communs, ils sont à propos des relations interpersonnelles, de la famille, des études, de la santé, du travail et des finances, etc. Par contre ce qui est différent dans le cas du TAG, c’est la fréquence des inquiétudes et le fait de s’inquiéter même des choses mineures de la vie. Il peut même y avoir un enchaînement d’inquiétudes à partir d’une inquiétude mineure, menant à l’augmentation de l’anxiété et son intensification jusqu’à gravement incommoder.
Les personnes avec un TAG vont souvent avoir tendance à vivre dans le futur et expérimentent un enchaînement de pensées négatives en ce qui a trait à des événements éventuels. Aussi, elles voudront prévenir les issues non désirées en y pensant et en croyant faire le tour de tout ce qui pourrait se produire en lien avec le thème de l’inquiétude. C’est un mécanisme jugé protecteur par la personne qui y a recourt. Cependant, cette méthode est inefficace, étant donné qu’il est impossible de savoir ce qu’il va advenir à tout moment. Elle crée donc plus d’anxiété et occasionne de la fatigue.
Les événements imprévus et les spontanéités ne sont pas affectionnés par les personnes présentant un TAG, car pour elles, il se profile souvent en toile de fond de ces situations un scénario plutôt négatif. Le besoin de contrôler leur servirait à prévenir les choses et à tout faire pour éviter les catastrophes.
Souvent les personnes avec un TAG vont rapporter avoir eu un parent très anxieux qui aurait servi de modèle en ce qui a trait à l’intolérance aux choses incertaines. Des parents très sévères ou surprotecteurs qui auraient eu tendance à faire les choses à la place de leur enfant occasionnant chez lui de l’anxiété lorsqu’il s’agit de faire personnellement face aux événements, sans la présence du parent ou son intervention d’une façon ou d’une autre, auront pu aider à ce qu’il reproduise cette intolérance à l’incertitude qui caractérise le TAG.
Éviter d’aller en profondeur dans le sujet de l’inquiétude est une réaction qu’on observera chez une personne présentant un TAG, car malgré la surévaluation de l’utilité de s’inquiéter pour contrer l’imprévisible ou l’inquiétant, il y aura également la tendance à vouloir fuir ou se divertir pour oublier de penser aux conséquences que l’on peut s’imaginer en lien avec les scénarios catastrophiques identifiés comme potentiels. Elle usera d’évitement et de neutralisation.
Conséquences du TAG
Cela peut prendre une dizaine d’années à certaines personnes avant de se décider à trouver de l’aide pour contrer les effets de la pathologie. Les répercussions de ce trouble sont de ce fait assez graves, car on retrouve des troubles en comorbidité, de la démoralisation, de l’épuisement, des symptômes somatiques et de la fatigabilité.
Au niveau de l’emploi, on constate de l’absentéisme ou une baisse de productivité, car les gens sont dans leurs pensées et assez préoccupés par leurs inquiétudes.
Au niveau des relations interpersonnelles, il peut y avoir de la difficulté à prendre plaisir à certaines activités. Étant submergées par leurs inquiétudes, les personnes ne vivent pas toujours pleinement les choses qui se passent au présent et se trouvent parfois incapables de profiter de la présence de leurs proches par exemple.
Les personnes avec TAG peuvent chercher très souvent de la réassurance auprès de leur entourage qui peut fatiguer à l’occasion d’avoir à rassurer l’autre et l’aider à baisser ses inquiétudes.
Comorbidités et prévalence
Dans 90% des cas, le trouble d’anxiété généralisé se voit associé de symptômes dépressifs ou de dysthymie. La dysthimie se caractérise par la présence de symptômes dépressifs modérés durant une période de deux ans au moins. Dans 50% des cas, la présence d’un autre trouble anxieux est également observée, comme le trouble panique, le trouble d’anxiété sociale, et parfois même des troubles reliés à la consommation de drogue ou d’alcool, car à court terme la consommation peut sembler atténuer l’anxiété, mais à long terme ses effets sont dommageables.
Dans la population générale, entre 4 et 7% des personnes peuvent présenter les critères diagnostic d’un trouble d’anxiété généralisée au courant de leur vie. Ce taux est assez important, il désigne le trouble qui mène le plus à consulter dans les services de santé mentale de première ligne soit les CLSC et certains hôpitaux (certaines cliniques spécialisées dans les hôpitaux sont considérées comme des cliniques de deuxième ou troisième ligne étant donné qu’elles sont sur-spécialisées en termes de leurs services). Aussi, deux fois plus de femmes que d’hommes présentent un trouble d’anxiété généralisée, mais il se pourrait que les femmes consultent plus ou qu’elles soient plus portées à parler de leurs inquiétudes que les hommes, ce qui expliquerait cet écart dans les chiffres.
Les types d’inquiétudes et les stratégies en thérapie cognitive et comportementale
La relaxation est une bonne stratégie pour aider à gérer le stress quotidiennement, mais c’est une stratégie complémentaire, bien qu’utile. Comme stratégies principales, nous ferons dans un premier temps de la psychoéducation, pour informer au sujet du trouble et du ‘’comment’’ il a pu se développer chez la personne en fonction de son historique de vie. Il s’agira surtout d’expliquer à la personne ce qui maintient les difficultés.
Il s’agira également d’aider à prendre conscience de ses inquiétudes, car souvent les personnes très inquiètes ne réalisent pas à quel point leurs inquiétudes sont fréquentes, et de discuter des mécanismes d’évitement et de neutralisation dont elles se servent pour se soulager, alors que ces mécanismes contribuent au contraire à maintenir les inquiétudes.
Faire la distinction entre deux types d’inquiétudes est essentiel.
Il y a en premier les inquiétudes concernant les problèmes réels, qui seront investies de façon excessive par les personnes présentant un TAG.
Une spirale de scénarios catastrophiques s’enclenchera, mais la personne ne mettra malheureusement pas en place des stratégies pour résoudre les problèmes réels qui motivent ces inquiétudes au départ, et ce à cause de l’intensité de l’anxiété qui empêchera de se mettre en action.
L’intolérance à l’incertitude découragera aussi d’agir, car la personne sera incertaine des résultats de ce qu’elle pourrait mettre en place comme stratégie ou du débouché de ses actions.
Le deuxième type d’inquiétudes est celui qui porte sur les problèmes éventuels.
On s’inquiétera donc de ce qui n’est pas là actuellement. Des prévisions négatives imaginées relativement à la santé ou tout autre thème commun peuvent propulser une inquiétude intense et incontrôlable. La porte d’entrée pour ce genre d’inquiétudes est le ‘’si’’ quant à différents sujets, cancer, faillite au cours de la vie et ainsi de suite.
Faire cette différenciation avec la personne sera utile à choisir les stratégies à mettre en place.
Pour traiter les inquiétudes sur les sujets réels, nous utiliserons l’entrainement à la résolution de problèmes, afin d’enseigner à la personne à mieux résoudre un problème après l’avoir dans un premier temps défini. Ayant au départ tendance à percevoir un problème comme une menace plutôt qu’un défi, les personnes présentant un TAG pourront par la suite observer le problème autrement.
L’exposition à l’imagination est une autre technique thérapeutique efficace, car elle permet à la personne d’aller explorer l’inquiétude en profondeur, d’aller jusqu’au bout de ses peurs, et ce grâce à la rédaction d’un scénario catastrophique qu’il s’agira par la suite pour elle de relire plusieurs fois ou même de réécouter si elle a procédé à l’enregistrement du récit fictif, afin qu’elle puisse se désensibiliser quant aux éléments anxiogènes qu’il illustre et bénéficier d’un effet d’habituation face à l’anxiété reliée à des inquiétudes qui sont du domaine de l’éventuel.
Des changements vers le positif sont absolument possibles, on y compte la diminution des inquiétudes et de l’anxiété, ainsi que l’amélioration de la qualité de vie dépendamment des objectifs fixés avec la personne en thérapie.
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