Attaque de panique et trouble panique
D’après les statistiques, 20% de la population peut vivre une attaque de panique durant une vie. Il est aussi rapporté dans les études que deux fois plus de femmes que d’hommes présenteront le trouble panique et l’agoraphobie.
Le trouble panique se caractérise par des crises de panique récurrentes et la crainte importante de paniquer. Cette peur occasionne des changements comportementaux considérables. Aussi, dans un tiers à la moitié des cas à peu près, on retrouve le trouble panique et l’agoraphobie associés.
Avec Vedrana Ikic, doctorante en psychologie, spécialisée en troubles anxieux, nous avons réuni des éléments utiles à la compréhension de la différence entre attaque de panique et trouble panique, et nous avons expliqué les symptômes du trouble panique avec agoraphobie. Nous avons également dressé un portrait des outils thérapeutiques en TCC (thérapie cognitive et comportementale) qui contribuent grandement à l’activation du changement vers le positif et l’amélioration de la qualité de vie de la personne engagée dans une thérapie.
Symptômes et comportements
Le trouble panique peut se présenter à l’adolescence comme à l’âge adulte, car comme pour la plupart des problèmes de santé mentale, il y a des facteurs de prédisposition, c’est à dire des vulnérabilités biologiques et psychologiques qui peuvent exister. On peut par exemple avoir une sensibilité à l’anxiété, le système nerveux de certaines personnes serait plus réactif à des stresseurs particuliers.
Autour de la période où survient l’attaque de panique, il est fort probable que des stresseurs (par exemple : un deuil, une perte, un changement important) contribuent à faire réagir le corps de façon particulière compte tenu des vulnérabilités de la personne.
L’attaque de panique se manifeste par une montée d’anxiété soudaine et un sentiment d’inconfort qui peut durer quelques minutes. La personne fera l’expérience d’une panoplie de symptômes physiques et psychologiques désagréables.
Pour les symptômes physiques possibles, on note, entre autres, le souffle court, une impression d’étranglement, le fait de ressentir une pression à la poitrine, des palpitations cardiaques et de l’étourdissement.
Quant aux symptômes psychologiques, on retrouve la peur d’avoir une crise cardiaque et la peur de devenir fou ou de perdre le contrôle. Il arrive souvent que la personne en crise de panique soit portée à croire que son corps va mal à cause d’une maladie, car la crise est soudaine et elle peut donner l’impression d’être en train de vivre une crise cardiaque.
L’intolérance aux sensations physiques désagréables est caractéristique du trouble panique.
Étant donné la similarité des sensations désagréables vécues durant les crises de panique et certaines sensations physiques que l’on peut expérimenter dans d’autres situations de la vie de tous les jours, la personne présentant un trouble panique procédera fort probablement à des changements dans sa vie de tous les jours pour éviter les sensations physiques associées à l’attaque de panique. Elle pourrait par exemple éviter de boire du café pour empêcher la survenue des palpitations cardiaques que la caféine peut occasionner, mais elle pourrait également cesser de faire du sport pour ne pas avoir le souffle court, ou même diminuer ou cesser ses rapports sexuels.
Elle sera portée à diminuer toutes les activités qui peuvent amener des sensations physiques qui sont d’une certaine façon similaires, et ce, pour ne pas avoir à vivre les sensations physiques désagréables de l’attaque de panique.
La survenue d’une attaque de panique dans des situations régulières, comme au travail ou en milieu de transport par exemple, générera une association entre les sensations désagréables vécues et ces situations précises qui symboliseront, par la suite, le danger. On va par exemple craindre l’autobus ou un ascenseur.
Agoraphobie
L’agoraphobie se manifeste par le fait d’éviter des endroits ou des situations par crainte de vivre des sensations désagréables comme celles de l’attaque de panique sans avoir la possibilité de recevoir de l’aide ou trouver une porte de sortie quand cela arrive.
La peur d’être dans une foule soit dans une situation où il serait difficile de s’échapper s’il se produisait quelque chose de grave en est une manifestation.
L’agoraphobie est souvent associée au trouble panique.
Être accompagné ou avoir un médicament sur soi deviennent des comportements sécurisants auxquels la personne aura parfois recours pour affronter ces situations qu’elle éviterait si elle n’y était pas obligée.
Outils thérapeutiques et trouble panique avec agoraphobie (TPA)
En thérapie cognitive et comportementale, certains outils thérapeutiques contribuent grandement à l’amélioration de la qualité de vie.
– La psychoéducation consiste à informer au sujet du trouble. On peut ainsi aider la personne à comprendre ce qui a pu faire qu’elle développe ce trouble et ce qui maintient ces difficultés et le trouble.
On discutera les comportements d’évitement qui sont là par réaction à la crainte et qui empêchent de faire face à ce qui génère l’anxiété. Les comportements d’évitement réduisent la liberté d’action, car à court terme ils permettent un soulagement puisque les sensations désagréables sont évitées, mais à long terme, le problème se maintient, car l’anxiété est maintenue.
On informe donc au sujet des sensations et l’on explique ce qu’est la panique. On tente d’éclaircir pourquoi certaines réactions physiques se manifestent et pourquoi on associe le danger à certaines sensations inconfortables qui surviennent dans des situations sans danger réel. En d’autres mots, il s’agit de comprendre pourquoi lors d’une attaque de panique le corps se met en état d’alerte alors que la situation ne nécessite pas cette mobilisation.
– L’exposition aux sensations physiques afin de réapprivoiser les sensations physiques qui sont utiles à la conservation dans des situations de danger réel.
Pour ce faire, en compagnie du thérapeute, ces réactions physiques désagréables sont provoquées chez la personne pour qu’elle apprenne à accepter de les vivre et ainsi petit à petit à mieux les tolérer. L’anxiété ou la crise de panique ne semblera plus avoir le potentiel de rendre fou ou de faire perdre le contrôle, ce qu’elle n’a absolument pas le potentiel de faire en réalité.
– L’exposition graduée in vivo consiste en le fait d’accompagner la personne alors qu’elle confronte des situations qu’elle craint ou qu’elle évite afin qu’elle intègre le non-danger de ces situations.
La situation à confronter doit tout de même être moyennement inquiétante à cette étape du traitement, et il s’agit rester assez longtemps dans la situation, pour vivre l’anxiété qu’elle génère, puis ressentir sa diminution de moitié au moins. Cet exercice est répété plusieurs fois jusqu’à habituation.
– La restructuration cognitive consiste à accompagner la personne dans une démarche de réévaluation des croyances qui causent certaines de ses réactions non adaptatives et qui influencent ses comportements.
– La rééducation respiratoire ou diaphragmatique consiste à apprendre à réaliser une respiration plus profonde. Cette technique est complémentaire, elle aide à rééquilibrer le niveau d’oxygène lors d’une crise de panique étant donné qu’à ces moments de panique la respiration devient très rapide. Elle peut être assez souvent pratiquée pour s’habituer à respirer de cette façon, pas seulement en cas de panique.
Améliorations possibles avec la TCC
La thérapie cognitive et comportementale (TCC) semble à ce jour être la méthode de traitement la plus efficace pour traiter le trouble panique avec agoraphobie. Elle permet une bonne diminution de la crainte des attaques de panique et des sensations associées ainsi que la diminution des comportements d’évitement.
Le traitement cible à la fois le trouble panique et l’agoraphobie, car moins on craint les attaques de panique moins on fera d’évitement. Ainsi, l’atténuation des deux problèmes se constate en même temps. Certaines personnes ne vivront plus du tout d’attaques de panique, d’autres pourront tout de même en vivre de temps en temps par la suite, compte tenu de leurs vulnérabilités en période de grand stress.
Le traitement TCC aide à mieux comprendre ce trouble et par conséquent à être moins inquiet quant à l’éventuelle survenue d’une crise de panique même après le traitement.
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