Le syndrome de copycat et ses dérapages

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(Par Hella Ahmed) Nous avons tous besoin de modèles pour apprendre et évoluer, pour nous projeter dans l’avenir et pour créer une version de nous-mêmes qui nous plaise. D’ailleurs, les personnalités publiques et les vedettes de la scène musicale et cinématographique sont beaucoup modélisées par leurs admirateurs.

Ces imitations servent non seulement à consolider l’estime de soi, mais également à exprimer des penchants pour un style de vie particulier et/ou des activités.

Elles montrent, de plus, l’amour que certains ont pour ceux qu’ils admirent et manifestent leur besoin d’extérioriser ce ressenti pour faire vivre cette passion dans le monde et en témoigner devant tous, dans la vie de tous les jours et au travers des interactions via les médias sociaux.

Se perdre dans son idéal à l’image de l’autre 

Malheureusement, la peur de la dysmorphie corporelle et les images dont nous sommes constamment bombardés dans les médias par rapport à l’image dite parfaite peuvent nuire aux perceptions et faire vivre à des personnes vulnérables une crise identitaire qui nécessite un soutien particulier pour se réconcilier avec soi.

Dans un autre registre, quand l’imitation devient obsession, la personne éprise par celui ou celle qu’elle imite peut simplement vouloir devenir la copie de quelqu’un d’autre et utiliser tous les moyens à sa disposition pour y parvenir. Cela peut déraper. Elle réglera sa vie en fonction de la personne qu’elle observe, choisira peut-être des accoutrements vestimentaires semblables et les mêmes accessoires, s’organisera des activités sociales similaires, fera le perroquet etc.

De la rivalité obsessionnelle à la fixation pour dévorer 

Quand sa rivalité est maladive et teintée de malhonnêteté dans le domaine des affaires et au niveau de la socialisation, la personne copycat imitera l’objet de son envie de façon abusive, sans penser aux conséquences négatives. Elle fera dans le plagiat et dans l’infiltration pour mimiquer son modèle et reproduire ce qu’il accomplit ou crée avec le plus de précision et de synchronisation possible. C’est tout bêtement l’envie de s’approprier les réussites de l’autre qui motive ce comportement guidé par une volonté d’avancement sauvage et la conviction de mériter plus que l’autre ce qui est à lui, la certitude de mériter plus que l’autre d’avoir son nom sur ce qui vient pourtant de lui. Cet esprit malsain et tordu de dite compétition anime beaucoup de gens qui racontent être de grands humanistes et justiciers.

Dans un autre cas, assez inquiétant, le comportement est agressif, la fixation peut causer un harcèlement névrotique avec intentions hostiles, du stalking. En raison de sa sur-identification psychotique, ce n’est pas uniquement l’intention de copier le style de la personne ciblée qui motive la copycat braquée mais aussi celle de la tourmenter et de l’annihiler pour prendre sa place. Le staking peut prendre cette forme (selon une étude publié en 2012 dans le journal Agression And Violent Behavior). 

Malheureusement, l’intimidation et les menaces subtiles font très rapidement apparition dans le discours des prédateurs en cas de résistance de la victime qui prend conscience du manège injuste et pervers.  La copycat ne considère pas son modèle comme un être libre et avec des droits, mais comme un objet à vampiriser et éliminer. Elle fera dans l’effet miroir et essayera de se faire valoir comme étant la version originale de toute activité professionnelle ou artistique dans laquelle sa dite proie se serait démarquée et qui lui aurait valu de briller par sa productivité.

Dans ces situations particulières de rivalité obsessionnelle, la victime peut malheureusement finir par subir des agressions directes de la part de la personne perturbée qui veut la remplacer après l’avoir modélisée et inquiétée. Quand les victimes font des démarches auprès de la justice pour stopper ces formes d’invasion si elles dérapent vers des actions dommageables et de la violence franche, les plaintes sont prises au sérieux, aussi bien du côté des affaires qu’au niveau de la protection de l’intégrité physique et psychologique des personnes qui subissent cet acharnement pathologique.

* Le mot syndrome dans le titre est en référence à celui utilisé en langage commun pour désigner une problématique en lien avec un comportement et des pensées accaparantes qui ont un impact négatif, non pour désigner un syndrome comme on en trouve dans les diagnostics psychologiques. Il n’existe pas de trouble de personnalité copycat bien que cette attitude soit constatée et que l’on fait un rapprochement avec le ‘stalking’ étant donné l’insistance, la fixation sur une personne précise et l’imitation systématique qui caractérisent ce comportement parasitaire.

* Je développe le concept de ‘copycat stalking’ dans mon livre, en détails, je ne laisse aucun coin sombre, vous saurez tout sur cette pratique à l’ère du numérique : milieux, motivations, façons de faire etc.

Copyright © Hella Ahmed

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Ce texte (édité et bonifié) se retrouve dans mon livre : Comment les manipulateurs frappent? Par Hella Ahmed, paru le 13/05/2022, que vous pouvez vous procurer dès maintenant en cliquant sur la couverture.